Fin 2018L’idée de m’inscrire à l’AlpsMan remonte à la fin d’été dernier mais la mutation professionnelle d’
Angélique sur Dijon vient contrecarrer le programme. Ce changement d’organisation personnelle me laissant supposer que mon temps consacré à l’entrainement serait réduit, je décide de ne pas m’inscrire à l’AlpsMan fin 2018, et ainsi d’attendre pour prendre ma décision sachant que depuis sa création, les inscriptions à l’AlpsMan ont toujours été possible jusqu’aux derniers jours avant l’épreuve.
Je commence donc ma préparation avec, dans un coin de la tête, l’ambition de m’inscrire au printemps.
Janvier 2019Lors de l’AG le 18 janvier, il se murmure dans les travées de l’assemblée présente à La Velette, que les inscriptions sont « SOLD OUT ». L’information provenant apparemment de
Zig, je pense à un canular, mais après vérification, la liste des inscrits est belle et bien complète ! Ma déception est grande, car si j’avais su que les inscriptions seraient rapidement complètes aussi tôt, je me serais inscrit, quitte à ne pas me présenter le jour J.
Après quelques discussions,
Brouette me propose de contacter l’organisation (Fanny) pour tenter de m’incorporer au joli petit groupe de Rilliettes inscrites.
Brouette, 19 janvier : « Bonjour Fanny, Nous avons un retardataire dans notre liste d'inscription qui ne parvient pas à s'inscrire car vous avez affichez "complet". Y aurait-il possibilité de l'intégrer à notre liste de 12 ou faut-il qu'il s'inscrive sur liste d'attente en espérant qu'une place se libère? A ce niveau, la liste complémentaire est-elle conséquente ou aurait-il une réelle chance de voir une place se libérer pour lui? »
Fanny, 23 janvier : « Bonjour Edouard, Malheureusement ce n’est pas possible de l’intégrer à votre liste. L’AlpsMan 2019 est bien complet. Il peut s’inscrire sur la liste d’attente, mais je ne peux vous garantir qu’il aura une place. Nous devrions y voir un peu plus clair dans le courant du mois de février. »
Brouette, 27 janvier : « Bonjour Fanny, Nous avons un athlète Thomas Vrissel qui ne devrait pas pouvoir honorer sa participation pour raisons personnelles. Serait-il envisageable de remplacer Thomas par Benoit Dessertine, qui s'est inscrit sur liste d'attente et qui souhaitait justement rejoindre notre groupe. Bien sûr, si le traitement générait des frais, nous les couvriront. »
Fanny, 28 janvier : « Bonjour Edouard, Concernant votre demande, je ne peux pas y répondre favorablement. (…) Comme vous vous en doutez Benoit Dessertine n’est pas seul sur cette liste d’attente et nous ne pouvons pas prioriser sa demande vis-à-vis des autres. En espérant que vous comprendrez notre réponse. »Mes espoirs sont donc au plus bas, et bien qu’inscrit sur liste d’attente et je reste déterminé à m’entrainer jusqu’au bout quitte à décrocher un dossard la veille de l’épreuve, tout en gardant à l’idée que montrer ma motivation aux organisateurs pourrait (ou pas) jouer en ma faveur.
Printemps 20195 mars : « Bonjour Fanny, Je m’entraîne avec une grande détermination depuis maintenant 2 mois et suis extrêmement motivé à l’idée de participer pour la première fois à l’AlpsMan. Cependant, j’ai décidé tardivement de m’inscrire (mi janvier), et malheureusement trop tardivement puisque les inscriptions étaient déjà closes. Je suis donc inscrit sur liste d’attente dans l'espoir de pouvoir décrocher un précieux dossard ! Je me doute bien que les éventuels désistements/annulations d'athlètes inscrits se feront principalement dans les dernières semaines avant l'événement. Je reste évidemment optimiste sachant qu'une assurance annulation a automatiquement été intégrée aux inscriptions... Je n'envisage pas rater cet évènement d'autant plus qu'un grand nombre de mes partenaires d'entraînements à Rillieux Triathlon se sont inscrits... Afin que je puisse savoir si mes chances sont réelles, pourriez-vous me communiquer le nombre de personnes inscrites avant moi sur liste d'attente ? En espérant une issue favorable quant à mon souhait d'être présent sur la ligne de départ le jour J, et dans l'attente de votre retour, je vous remercie de l'attention que vous porterez à mon message. »
Fanny, 15 mars : « Bonjour Benoît, Je vous prie de m’excuser de ma réponse tardive. Vous avez une quarantaine de personne devant vous sur la liste d’attente, je ne peux donc rien vous garantir pour le moment. Nous avons dès à présent quelques demandes d’annulation, mais nous ne pouvons malheureusement pas savoir si vous pourrez prendre le départ de cette édition. Après comme vous l’avez indiqué, le plus grand nombre d’annulation aura très certainement lieu à l’approche de l’évènement suite à des blessures sur la fin de l’entrainement. Les personnes devant vous sur la liste d’attente ne seront peut-être plus prête à prendre le départ à courte échéance donc gardez espoir ! ;) Bonne préparation, et à défaut de prendre le départ de l’Alpsman en 2019, nous vous attendrons sur la ligne de départ de l’édition 2020 ! »N’envisageant pas avoir fourni tant d’efforts à l’entrainement pour rien, je décide de m’inscrire à l’AltriMan (épreuve ayant lieu début juillet avec un profil comparable à l’AlpsMan) en tant qu’épreuve de « secours » même si ma motivation n’est pas très grande à l’idée de m’aligner en solitaire sur une telle épreuve sans l’engouement Rilliettes. Puis arriva ce qui suit :
12 mai : « Bonjour Fanny, Suite à nos échanges ci-dessous par mail d’il y a 2 mois environ, je me permets de venir aux nouvelles concernant l’évolution de ma place sur liste d’attente pour l’AlpsMan. Ma motivation et ma détermination pour participer à cet édition sont toujours aussi grandes, et il m’est difficile d’envisager que mes 15 à 20 heures d’entrainement hebdomadaire pour cet événement restent vaines… »
Fanny, 13 mai « Bonjour Benoit, La bonne nouvelle du lundi matin, je vous ai envoyé le lien d’invitation pour vous inscrire ;) Bonne fin de préparation ! »La lecture de ce dernier mail de Fanny me mets dans un état indescriptible et le relire aujourd’hui m’en donne encore des frissons !
Je suis désormais confiant car ma préparation s’est dans l’ensemble bien passée malgré la météo, avec de belles sorties vélo, principalement avec
Jallet les samedi, et je décide donc de ponctuer ma préparation par une reco complète du parcours, à 3 semaines de l’événement. A l’issue de cette reco, je prends conscience qu’il est envisageable de faire résonner la cloche…, mais également qu’il y a un risque que je ne réussisse pas à sortir de l’eau… car sa température le jour de la reco est de 11°C !
Ma fin de préparation se résume donc à finaliser le travail en vélo et càp, mais également à tenter de m’acclimater aux eaux fraiches que je redoute tant… Et je ne peux plus m’empêcher d’aller sans arrêt sur le site internet du lac d’Annecy pour étudier l’évolution de la température de l’eau (je crois que j’ai dû aller sur le site au moins 100 fois en 3 semaines, je suis devenu un vrai spécialiste sur les fluctuations de température de l’eau du lac en fonction de la météo !).
Au final depuis début janvier : 150 km de nat’, 4000 de vélo et 500 de càp.
Juin 2019Je décide de mettre toutes les chances de mon côté en augmentant les heures de sommeil la dernière semaine, et en arrivant l’avant-veille à Saint-Jorioz pour passer 2 nuits sur place avant l’épreuve.
Veille de l’épreuve, je retrouve
Zig pour une petite sortie vélo de déblocage, puis je me lance dans la préparation des différents sacs et des ravitaillements du lendemain. En fin d’après-midi, nous nous retrouvons avec la plupart des Rilliettes pour le briefing d’avant-course, puis retour au chalet pour le dîner avant une nuit très courte. Coucher à 22h.
8 juin 2019Lever à 2h40, petit-déjeuner assez léger, puis direction le départ. Je me retrouve seul sur le 2ème bateau affrété par l’organisation puisque mon numéro de dossard, attribué tardivement, n’est pas à la suite des autres Rilliettes. Peu avant le départ du bateau, j’aperçois tout à coup
Richelieu qui me rejoint, et il me raconte ses déboires de réveil qui n’a pas sonné…
Le bateau arrive rapidement sur la zone de départ puis il faut se jeter à l’eau. J’avais tellement redouté ce moment depuis des mois, que l’eau ne me parait finalement pas si froide en rentrant dedans (17°C).
NatationUne dizaine de minutes plus tard, le départ est donné. Les bouées étant de petite taille, impossible de les voir de loin et donc de se diriger, je décide donc de suivre le flot des nageurs devant moi. Je nage à un rythme qui me semble correct, mais ma montre ne capte plus rien et il m’est donc très difficile de savoir où j’en suis par rapport à mes prévisions. Pas plus que la bouée rouge annoncée au milieu du parcours et que j’ai dû louper… Au bout de 40 min, je commence à avoir froid, mais ça ne m’empêche pas trop de nager correctement. Je finis par sortir de l’eau en 1h10 soit 5 minutes de moins que mes prévisions, largement aidé je pense par le vent favorable qui a dû créer un léger courant.
T1Je retrouve
Rayzin dans la tente et
Brouette nous rejoint. Malgré le froid, je réalise une transition correcte en à peine plus de 5’.
VéloJe pars en même temps que
Rayzin, largement cité par le speaker de l’épreuve…
Il fait froid, j’enfile sur le vélo manchettes, gilet sans manches et gants. J’ai le ventre noué (à cause d’une natation trop longue et trop fraiche pour moi). Difficile de se réchauffer malgré les pentes du col de Leschaux où
Brouette me dépasse sans difficulté. L’ascension se poursuit jusqu’au sommet du Semnoz où je me sens plutôt bien (je suis dans mes temps prévus) même si j’ai du mal à manger autant que je voudrais (et que je devrais) à cause de mon ventre (ça va durer jusqu’à la 7ème heure de vélo). S’en suit la descente du Semnoz où il fait vraiment très froid avec un revêtement fraichement gravillonné rendant la descente extrêmement dangereuse, puis une portion plus roulante pour rejoindre Lescheraines où je suis encouragé par
Atrien puis
Greg/Suzie. Dans le col de Plainpalais (1/2), je sens que je ne suis pas tout à fait dans le rythme,
Tamaloù me dépasse lors d’un arrêt pipi, et ceci se confirme dans le col des Prés où
Greg/Suzie à nouveau puis
Rom tentent de me redonner le moral. Au pied du col de Plainpalais (2/2), j’ai environ 15 minutes de retard sur mes prévisions et je sens que la cloche va m’échapper… Je décide alors de prendre quelques risques en accélérant légèrement pour « stopper l’hémorragie ». Dans la première partie du col, ça se passe bien et je vois qu’il me reste encore de l’énergie, mais au fil des km, je me remets à gamberger. Je reprends
Tamaloù qui n’a vraiment pas l’air au mieux puis je bascule sur le col des Prés (2/2) où je suis à la peine dans les pourcentages élevés des derniers km. Je compte 20 minutes de retard sur mes prévisions, mais c’est à partir de ce moment là où tout va commencer à aller mieux. Mon mal de ventre s’estompe, et malgré le profil des 40 derniers km avec des portions roulantes, je réussi à reprendre quelques athlètes, signe que je roule à un bon rythme. Je franchis le col de Leschaux en ayant stabilisé mon retard. Les calculs dans ma tête fusent. J’ai perdu 20 minutes sur le vélo, mais j’ai gagné 5 minutes en nat’, je vais gagner 5 minutes sur les 2 transitions et l’organisation nous a donné 10 minutes de plus pour arriver à la cloche compte tenu de la perte de temps dans la descente du Semnoz engendré par le revêtement gravillonné. Tout compte fait, je devrais démarrer la càp avec 2h15 pour arriver à atteindre la cloche. Je conclus donc le vélo par la descente de Leschaux en me ravitaillant et en préparant ma transition.
T2Grâce à la nouvelle trifonction du club acheté cette année (merci
Marion pour la qualité du produit choisi !), j’avais opté pour une stratégie sans changement de vêtement en faisant tout en trifonction. Je réalise donc une transition rapide et me lance en càp.
CàpGrâce à ma transition éclair, chrono en main, il me reste 2h19 jusqu’au Tournant (24,6 km). A ce moment, je sais que ça va être juste, mais ça devrait passer, sauf gros problème ou crampes...
Je suis un peu déçu de ne pas voir
Angélique… En réalité, elle est bien là à m’encourager sur le côté et je ne la verrai pas avant la cloche !
J’espère boucler le premier tour (12,3 km) à allure moyenne de 5’/km. Sachant qu’il y a une petite partie trail avec 100 m D+ par tour, je me dis qu’il faut prendre un peu d’avance et je pars donc un peu trop vite (4’20’’/km sur les 2 premiers km). La fatigue me contraint à réduire légèrement l’allure mais j’arrive au pied de la partie trail assez confiant. Malheureusement, cette partie trail est plus dure que prévue et je suis contraint de marcher beaucoup plus qu’imaginé… Tout à coup, j’aperçois
Zig vers le km 6. C’est franchement la première fois sur un tri où je ne suis franchement pas content de le voir car je comprends à ce moment-là qu’il aura du mal à arriver dans les temps au Tournant… Je l’encourage, mais il n’a pas l’air très frais non plus ! Je continue donc ma route, le croise au km 9, et il n’est pas bien loin derrière donc je me dis que peut être… Je termine le tour encouragé par
Rom ,
Atrien et
Greg , à une allure moyenne de 5’20’’ sur le tour. Il va donc falloir s’accrocher dans le 2ème tour, et courir à 6’/km devrait passer. Au début du 2ème tour, je double
Jallet que je croyais loin devant alors qu’il débute tout juste la càp
. Je continue sur les portions plates en tenant difficilement une allure de 5’30’’, le 2ème passage de trail est encore plus dur que le 1er mais je sens que la cloche ne peut plus m’échapper… Au km 22, j’aperçois
Brouette et
Dauphin quelques centaines de mètres devant moi, puis je termine ce 2ème tour en croisant
Rom,
Atrien et
Karine. Je suis sur mon nuage et cours vers la cloche que je fais résonner avec 4’30’’ de « marge »… Je retrouve
Brouette et
Dauphin qui célèbrent aussi le privilège de pouvoir monter en haut ! Pour ma part, j’embrasse
Angélique, je tape dans les mains de
Greg,
Mekitrun (sans me demander pourquoi il est là, désolé !),
Atrien. J’ai atteint mon objectif, je suis vidé et j’ai envie de savourer. Je suis tout simplement fier d’y être arrivé !
Mais je ne vais pas très bien, je ne peux plus boire ni manger et je me demande comment je vais monter en haut, seul. Mon objectif est désormais atteint et il ne m’est plus possible de m’en fixer un autre. Mais il faut tout de même arriver avant minuit là-haut (ça laisse plus de 6h pour monter quand même!) et je me dis qu’il faut mieux ne pas trop trainer…
Atrien, se propose de m’accompagner et obtient l’autorisation des organisateurs. Nous partons donc avec
Brouette en laissant
Dauphin qui a encore besoin de récupérer. Très rapidement,
Brouette se met à trottiner et s’échappe car je ne fais que marcher. Au bout d’une petite heure, c’est
Dauphin, épaulé par
Moustavache, qui nous rejoignent puis s’évadent en trottinant…
A bout d’1h30 de marche et de mutisme (je n’ai pas dû être un partenaire très agréable pour
Atrien…), je me suis refait une santé, je réussi à me réalimenter, je recommence à parler. Nous attaquons la partie finale de type rando en montagne sereinement accompagné par 3 autres athlètes. De la cloche à l’arrivée, je n’aurai finalement pas couru un seul mètre, mais j’aurai au moins eu le temps de savourer
!
Je franchis la ligne d’arrivé à 22h après 4h15 de randonnée, avec
Angélique qui m’attend au sommet ! Quelques photos pour immortaliser ces moments magiques dans la nuit tombée et des souvenirs que je ne suis pas près d’oublier !
Merci à
Angélique de m’avoir supporté, merci à
Atrien de m’avoir accompagné, merci à tous les supporters venus pour nous encourager, merci à tous ceux qui nous ont suivi à distance (avec mention spéciale à
Cricri !), merci à
Jallet pour ces nombreuses heures partagées à l’entrainement, et merci évidemment aux 12 autres Rilliettes alignées sur cette épreuve de fou !