Tout a commencé en décembre 2023 ...
Lors de la journée « arbitres « mon voisin (du CRV) me parle de cette épreuve, qu’il vient de faire en solo, et du super week-end vécu par son club car ils étaient environ 40 au départ.
Le concept est simple : faire le plus long tri possible en 24h, chacun doit faire au moins 1 boucle de chaque discipline et après tu te débrouilles avec tes potes ! Tu peux être soit en solo, soit en relais par 2, 4 ou 6 (équipe mixte possible). Tu commences par 4h de nat, boucle de 1 000m en mer, de 13h à 17h. Tu enchaines avec 12h de vélo, boucle de 21kms / 230D+, de 17h à 5h. Tu finis par 8h de cap, boucle 4kms, de 5h à 13h. Ton classement est fait par les points attribués pour chaque tour fait : nat = 15pts, vélo = 21 pts, cap = 4pts, bière descendue = 0pt !!!!
Ça me tente tout de suite ! J’en parle à mon pote Arnaud de Chambéry et à un max de rilliettes. Finalement je ne serai qu’avec mon pote Nono, alignés en relais à deux.
La préparation se fait sans vraiment de plan, je fais du sport plus que je ne m’entraîne, d’autant plus qu’entre deux emplois j’ai pu bénéficier de longues vacances d’été durant lesquelles j’ai bien fait la fête
. Je vais arbitrer à Aix les Bains le 8 septembre, nous élaborons à cette occasion un semblant de stratégie, soit un mois avant notre épreuve.
Nous voilà le vendredi 11 octobre après-midi dans la voiture pour Bormes les Mimosas. En discutant durant le trajet nous tirons vite la conclusion que nous ne sommes prêts ni sur le plan physique, ni sur le plan stratégique, ni sur l’organisation pour cette épreuve de 24h qui demande pas mal de logistique. De plus la pluie est annoncée pour toute la nuit. Retrait des dossards, puis nous arrivons dans l’appartement à quelques centaines de mètres du départ que nous avons pu louer via Blablalex (merci
). Après notre bière pré-épreuve nous dégustons la salade de pâtes et l’excellent basboussa que Suzie nous a préparés pour ce week-end.
Samedi matin : dépôt des vélos au parc et du sac (avec toutes les affaires) à la consigne, nous découvrons les tentes de nos concurrents avec coin repas, tables de massages, matelas, duvets... nous sommes bien au niveau zéro en logistique ! Nono ayant oublié le pain pour nos sandwichs de courses nous filons au magasin juste à côté en acheter avec un complément de bière et vin pour le dimanche (le caissier nous dit n’avoir encore jamais vu de concurrents du T24 venir lui acheter ça !). Puis nous viens l’idée saugrenue de garer la voiture plus loin encore que notre appartement et en haut d’une montée plus forte, avec dans le coffre des sandwichs, boissons et affaires de rechange. 11h briefing, puis défilé des relais et présentation des individuels.
Nat : 13 h c’est parti pour mon binôme, nous avons décidé de faire un tour chacun en gérant notre rythme. Cela nous fait environ 20’ d’effort / 20’ de repos. Après 3 tours le temps se couvre, nous commençons à nous refroidir durant les moments d’attente. Le ravito bien achalandé fait du bien. Nous optons alors pour que Nono aille se changer après son 5ème passage et que j’enchaine deux tours pour finir, j’arrive à l’aire de transition vers 17h et lui passe le relais juste à l’ouverture du vélo. Finalement 11 tours, soit 11kms.
Vélo : Nono parti je vais me rincer au jet d’eau (j’y croise une individuelle qui seule a fait 10 tours de nat
), m’habille en cycliste, remets mon sac à la consigne et c’est déjà à moi car nous faisons d’abord un tour chacun de jour pour repérer le parcours. Je découvre ce « pas de la griotte », les domaines viticoles, le demi-tour et de nouveau cette montée de la griotte où Blablalex est venu m’encourager. Pas forcément très dur mais deux bosses, d’autres coups de cul et des relances : donc bien usant. Ensuite deux tours pour Nono, avant mon départ je retrouve Suzie et Blablalex qui décident de se prendre une bière en observant la zone de relais en perpétuelle agitation. Le site s’y prête bien, c’est un rond-point à la sortie de l’aire de transition où tous les concurrents attendent l’arrivée de leur relais pour partir. Je ne résiste pas à la tentation de goûter à la bière de Suzie et c’est parti pour deux tours de nuit cette fois-ci. L’ambiance est particulière, nous sommes d’abord en ville puis complètement en campagne sans éclairage public, tous les ronds-points, croisements et changements de direction sont sécurisés par des bénévoles et/ou forces de l’ordre. Nous croisons sans cesse les cyclistes sur le retour et nous faisons dépasser, voir déposer par les plus rapides. Il y a en fait quatre courses en même temps (solo, relais 2, 4 et 6) : les vitesses et stratégies sont très différentes, Suzie s’amuse du fait qu’avec Nono nous discutons un peu au relais, mais pour les équipes de 4 ou 6 c’est un relais dynamique ! Mon équipier est reparti pour 3 tours, j’en profite pour monter à l’appartement, me doucher, manger (énormément) et me poser un peu. Blablalex est avec nous, il compte faire le dernier tour de Nono derrière lui, puis faire mon premier tour derrière moi (certes ce n’est pas autorisé mais c’est tellement sympa de sa part). En sortant de l’appartement je tombe sur mon Nono qui râle car il a perdu un de ses deux bidons et bien sûr c’est celui plein d’eau. Je file lui remplir à l’appart et profite d’un peu de repos supplémentaire. Il est environ 00h45, mon Nono arrive les traits tirés mais son regard me dit que ça va. Je lui conseille de monter à l’appartement et pars dans la nuit. Je double Blablalex qui commence par me filmer pour les rilliettes puis reste à distance soit devant, soit derrière mais j’entends sa voix sans tout comprendre j’avoue. Durant mon troisième tour je commence à bailler en roulant, j’ai un peu froid malgré les 16°, l’absence de vent et d’humidité, bref la fatigue se fait bien sentir. Je me concentre sur ma respiration, gère mon rythme et porte mon attention au petit halo de ma lumière et passe mon relais. Nous décidons d’en faire encore 1 chacun, je finis à 5h10. Finalement 14 relais, soit 294 kms.
Cap : Nono me dit qu’il part pour deux tours, voire trois s’il est bien. Je dois donc être en zone relais dans environ 40’. Je récupère mon sac à la consigne et vais dans l’aire de transition me changer à côté de mon vélo. Au ravito, je dévore la soupe de Claude, des tucs, de l’emmental, du saucisson, du chocolat, en bonne rilliette je démonte le buffet ! A son deuxième passage mon équipier veut faire un 3ème tour, je le laisse passer et retourne au buffet profiter des fruits secs. A mon tour de courir, j’enchaine deux tours : au début une bonne montée courte mais raide, passage dans le port de Bormes, quelques foulées sur la plage puis nous revenons vers le port dans la rue. Ensuite nous ferons un tour chacun, avec un magnifique levé de soleil, celui-ci va nous accompagner jusqu’à la fin. Très vite nos passages de relais s’allongent, il faut les gérer ces huit heures de cap. L’organisation distribue des pains au chocolat, je vois Suzie qui nous encourage et prend des belles photos avant d’aller courir. Nous la verrons dans nos dernières boucles avec Blablalex, ça fait du bien car vers 11h du matin un gros coup de barre nous tombe dessus. Les 24 h de courses approchent, je pars pour mon dernier relais et arrive vers 12h15. Nous avons décidé de faire notre dernier tour, ensemble cette fois-ci, en marchant et de franchir la ligne d’arrivée juste après 13h00. Les plus compétiteurs faisant eux le choix de finir leur dernière boucle en courant juste avant 13h pour faire leur « tour d’honneur » ensuite. Attendant l’heure fatidique, nous les voyons passer assis sur un banc avec vue sur mer à environ 500 mètres de la ligne. Nous sommes heureux, ravis de ces heures passées ensemble et nous remémorons notre première distance ironnman faite ensemble en 2014 à Vichy. C’est notre jubilé sur ce format et nous tenions à le faire ensemble, vient maintenant l’heure de passer la ligne sous les applaudissements de la foule, le champagne de Blablalex
et le bisou de Suzie. Finalement 17 relais, soit 70 kms.
La médaille et la bouteille de bière cadeau récupérés, nous remontons à l’appartement nous restaurer et fêter cela comme il se doit mais pas longtemps car cette nuit blanche à faire du sport nous a finalement bien fatigués.
J’ai adoré participer à ce triathlon, bien sûr car j’étais avec mon grand pote, mais aussi pour la qualité de l’organisation, l’extrême gentillesse des bénévoles, la mer translucide, la beauté des paysages et la très bonne ambiance. Pour ce qui ne le savent pas, ce concept de triathlon durant 24h a été pratiqué au début de notre très cher club. Nos prédécesseurs nageaient à la piscine du Loup pendu puis roulaient et courraient dans les rues de Rillieux, c’était il y a environ 30 ans.
En digne descendant de nos anciens, je suis arrivé sur ce tri sans y être vraiment préparé. Je n’ai jamais mangé autant de saucisson et de chocolat de ma vie en deux jours et pour une fois je n’ai pas forcé sur la bière de récup, nous avons fini épuisés.
Un grand merci, une bise à Blablalex et de gros bisous à ma Suzie
qui ont été de formidables supporters.