Bon, vous voulez un CR

Le problème, c'est que les CR de
Polymps à côté, c'est du light et qu'il me faut à minima, plusieurs heures pour un CR de base, alors comment faire pour Embrun qui concrétise une grosse partie d'une saison ...
De plus, la majorité s'accorde à dire que la course démarre à l'Izoard voire à Briançon => en clair, je n'ai pas fait la course, je n'en n'ai pas été acteur, au mieux un figurant, coupé au montage de l'Izoard
Je tiens à rappeler que je n'ai donc pas effectué la totalité du vélo mais l'échauffement des 98,5 premiers km. J'ai ensuite laissé les vrais sportifs s'exprimer
Bon, je pourrais écrire des dizaines de pages pour expliquer cette tragique élimination

mais Embrun est venue parachever une oeuvre de toute beauté, une saison de maître, un quadriptyque de légende :
Stage du club en avril : je me perds pendant notre course et reviens hors délais pour la course à pied ...
Cyclo de l'Octocôte : soucieux de faire le métier, j'opte pour le 130 bornes, je me perds avec 8 gars et je reviens avec 112 bornes ...
Half de l'altriman (juillet) : je me perds sur le parcours vélo, trahi par des anglaises (elles-mêmes en déroute), je reviens au parc avec 120 bornes au lieu des 94. Bref, disqualifié ...
Je redoutais la barrière horaire de l'izoard, ça vous me l'accorderez, à qui n'en n'ai-je pas parlé
Je me voyais, telle la chèvre de
M. Seguin, lutter dans la montagne contre le préposé aux éliminations, prêt à arracher mon dossard.
La chèvre, c'était bien moi, plutôt du type
Francis Weber dans une reprise du rôle tenu par
Pierre Richard. A ce propos, non seulement c'est un de mes acteurs préférés, mais de nombreuses personnes me prêtent une ressemblance

Comme quoi, tout se tient
Donc, lever à 3h45 (en fait je ne dors plus depuis 0h45), j'ai préparé toutes les affaires dans la caisse en plastique noire de l'orga. Je rejoins
Arnaud à 4h40 pour nous rendre de Savines à Embrun. Nous trouvons à nous garer sur le parking et c'est parti, je pénètre dans le parc pour retrouver nos Rilliettes. Je me demande ce que je fais là.
C'est un peu le récit d'un nain posteur.
On se fait quelques photos de groupe, je gonfle mon vélo, enfile ma combi et mets un peu de vaseline et je prends place dans la file le long des grilles. Nous attendons le départ des filles (environ ) à 5h50 puis c'est à notre tour d'entrer sur la plage. Je mentirais en disant que l'émotion ne m'a pas étreint.
Le start retentit, je laisse tout le paquet plonger et rentre tranquillement dans l'eau : elle est plutôt bonne. C'est parti pour 1h30 à 1h35 de natation puisque selon les anciens, les 3800m n'y sont pas. Je pose ma nage, mes gestes sont précis, ma respiration parfaitement maîtrisée, j'ai fait le vide autour de moi ou presque, peu s'adaptent à mon rythme.
Ah, je sens que ça revient fort derrière moi, je zieute ma montre, 45', ça doit être
Marcel et son orchestre
Bon, comme je suis bien, je décide de faire une deuxième boucle, c'est bizarre, je sais pas si c'est moi ou quoi, mais j'ai trouvé que ça sentait vraiment pas très bon, genre les égoûts, côté droit du parcours
Ayé, j'en vois le bout, je demande à un kayakiste où se positionner pour la sortie (et oui, les plus grans acteurs travaillent leur sortie), il me dit que je suis bien placé, et que tout est nickel

Le dernier compliment du genre, c'était en 1996 à Villerest pour mon premier promo => le bénévole qui m'extrait de l'eau me félicite, je suis heureux, me retourne et vois que je suis tout seul
La dalle de pierre de l'apontement est très glissante, je peine à trouver l'équilibre mais m'en sors bien.
Je m'élance sur le tapis bleu et là ... début de la scène 2 de l'acte 1 =>
Pierre Richard doit glisser et se vautrer de tout son long devant une foule hébahie par tant d'audace.
Scène réussie : je prend mon élan et me choppe la seule pierre cachée par la production sous le tapis => mon orteil droit heurte de plein fouet ce maudit caillou et je m'affale sous les cris d'effroi des spectateurs. J'écarte les bras pour signifier que le chemin de croix peut commencer (des photos seront jointes prochaînement). Puis je me relève et pars comme un dératé rejoindre le parc et mon habit de cycliste => il est écrit que je dois monter sur un vélo et me glisser au sein d'un peloton.
Je trouve bien ma place (

) et aussi
JF qui me félicite pour mon temps (1h33), il faut dire qu'il m'a vu en répétition au LD du lac des sapins et j'étais beaucoup moins frais. Oui mais là, il s'agit d'une superproduction, un chantier à 40 briques, s'agit pas de chier dans le casque à l'architecte

Bref, j'ai travaillé dur à grand renfort de pull buoy et c'est connu, le travail finit toujours par payer ... J'ai choisi la collection Rilliette 2012 avec cuissard et peau de chamois spéciale anti -hémorroïdes, maillot de vélo MC (mais pas nid d'abeille, dommage).
Funeste erreur, la trifonction LD, et je remercie notre top modèle
Le Chat pour l'avoir une nouvelle fois démontré, était un choix bien plus pertinent.
Je suis sur le vélo à 7h42, exactement comme je le rêvais. M... c'est vrai que ça monte dès le début ... Il me faudra 15 km pour digérer le passage nat-vélo. Je me fais doubler assez facilement

puis double à mon tour quelques concurrents. ça y est je suis lancé, ça commence à ressembler à du vélo, je rejoins Savines où ma famille m'attend puis Embrun et le rond point des Orres (je crois) où des Rilliettes m'encouragent : j'ai 43 minutes d'avance sur les délais d'après le règlement (j'ai plastifié les temps de passage).
J'ai aussi un copain que j'ai le plaisir de retrouver au bord de la route et ça me booste un peu. J'essaie de boire régulièrement et le coup des bidons peu remplis, c'est pas une légende : j'en vide un de coca pour en prendre un plus plein et on m'en donne un encore moins plein
M'enfin, je suis impressionné par le nombre de bénévoles qui se battent pour nous servir. Je tiens tout particulièrement à en remercier une qui a tenu absolument à me servir suite à ma demande de bidon d'eau => elle devance son copain en lui disant "
c'est à mon tour", je remercie, m'asperge et me retrouve ... inondé de coca
Scène 3 de l'acte 2 donc : la chèvre est poisseuse
A partir de la vallé du Guill, je remarque que je ne suis pas super bien. Il faut dire que mon niveau natation m'exclut de la course et qu'il n'est pas facile de faire le parcours quasi-seul => on se dit qu'on n'est pas bien bon et que les autres s'ils sont là, ne le sont pas non plus.
A Guillestre, ça se corse, je trouve que ça monte puis me mets à gamberger : je ne vais pas être dans les délais ... J'arrive à Arvieux et là, je ne suis plus lucide, je me dis que c'est foutu, c'et un peu comme si ce n'était pas moi qui pédalais, je vois
Dav et son
Papa qui m'encouragent, je leur annonce déjà que c'est foutu
Idem à mes fans que je retrouve au détour d'un virage. J'ai complètement buggé, ai calculé un temps de passge sur plus de 100 bornes et pour moi, je ne serai au sommet qu'à 13h25. De plus, mes jambes ne répondent absolument pas, j'ai envie de mettre pied à terre mais j'évite de le faire car je risque de ne pas savoir repartir
Ce qui me flingue, c'est de voir mon coeur assez haut, avec une vitesse qui parfois descend jusqu'à 5,5 km/h. J'aurais jamais cru que ça se passerait comme ça au vu du nombre de côtes montées
J'interroge de nombreux cyclistes (tous italiens) pour savoir quand arrive la Casse déserte, mais personne ne me répond => derniers encouragement familiaux, je m'arrête 30 secpndes pour boire et prendre du lait concentré avant de gravir les 2 derniers km. Moral à zéro, un couple m'indique que je vais en finir et que c'est bien, je leur réponds que je vais me faire éliminer (une obsession

), ils me disent que c'est dommage. Ben ouais, à 7km/h, y'a moyen de discuter avec les spectateurs
Derniers virages, les signaleurs m'enjoigent de sprinter, ma famille me prodigue ses derniers encouragements, je me retrouve entouré de nombreux bénévoles qui disent, "c'est le dernier, c'est le dernier, il faut le laisser passer". Je regarde mon chrono : Il est
13h11'25''. Le responsable du poste arrive vers moi, je fais attention à ne pas perdre l'équilibre, il me signifie que le délai est dépassé, qu'il est
13h12 et qu'il doit me retirer mon dossard
"
Désolé, vous êtes le premier éliminé" (les derniers qualifiés sont passés une poignée de secondes avant) Je suis crevé, autant usé par le fait d'avoir cru tout le long que c'était foutu que par cette montée qui m'a bien entamé.
Je ne proteste pas, au fond de moi-même je me dis que c'est plus sage. De plus, un truc qui me touche, c'est quand un bénévole dit "en plus, c'est une Rilliette ..." . Bref, je ne souhaite pas ternir notre image, il est incontestable que je suis hors délais
Ma famille est super déçue, mon beau-père, sur la ligne d'arrivée est triste aussi mais un souci aux cordes vocales l'empêche d'exprimer son désarroi.
Je me ravitaille à coup de quartier d'oranges puis décide de changer de vêtements : je troque mes chaussures pour des sandales. Aie, je ne peux pas marcher ... J'ai l'orteil droit avec 2 gros hématomes, ce qui me conduit directement au poste de secours. J'ai une suspicion de fracture, une attelle m'est posée, je peux à nouveau marcher, sans dérouler la foulée.
Du coup, pendant que ma famille pique-nique, la chèvre pique un bon petit roupillon histoire de se retaper avant un retour au mobil-home puis à Embrun pour suivre "ses" athlètes.
Je prends une bonne douche et je suis d'applomb pour assister à la suite du film.
Pierre Richard n'était ce jour qu'une guest-star
Dès lors, après un passage au Ptit Liou pour des nouvelles fraîches, le téléphone ne va cesser de servir entre le ptit liou et la ligne d'arrivée, afin d'encourager nos formidables athlètes.
Je croise
Dav, j'appelle
Duck, Je rate
Yannick 
(que je retrouverai souvent après) mais la famille
Richard sera bien présente pour l'ensemble des 5 autres Rilliettes (
Sam,
Bambi,
Cri-Cri,
Lolo,
VB). Retour au camping à 23h45. Et le rideau sur l'écran est tombé

Bravo à tous pour cette belle course. Mauvaise nouvelle, mon épouse a bien aimé le coin : ... je vais devoir investir dans un appareil photo
Merci à mes copains, merci
Juju pour ton mail, merci à ma famille : promis la prochaine fois, je descends l'izoard à vélo
M.
Epilogue : après vérification par 3 officiels dont le Président de la Commission Nationale d'arbitrage, il s'avère que ma montre avançait de plus de 15 secondes sur l'horaire officiel : je me suis présenté au sommet au plus tard à
13h11'09''. Dura Lex Sed Lex ...