A mon tour de faire mon CR
C’est mon premier CR tout comme c’était mon premier 70.3. Donc, pour le premier, j’ai fait détaillé, je vous rassure, les suivants le seront moins
C’était l’objectif de ma première saison de triathlon : faire un 70.3 et le terminer.
Je suis pas prêt de l’oublier : d’abord parce que je l’ai fini , ensuite parce que j’ai fait un chrono que j’imaginais même pas faire avec une météo « normale » mais surtout parce que je pense (et surtout j’espère
) que je serai plus jamais confronté à des conditions météos dantesques comme celles-là…
Choix du 70.3 de AixJe cherchais une course avec un peu de dénivelé, avant le 15 Juin (vacances en famille fin Juin à l’étranger et je voulais pas polluer les vacances avec l’entraînement), et pas trop loin. Après avoir écouté les conseils de quelques rilliettes, je choisis Aix car mes critères sont respectés, il y aura des rilliettes au départ et je serai accueilli et hébergé par un couple d’amis triathlètes marseillais dont le mari fera aussi le 70.3 (facile pour lui, il a déjà fait un IM !)
EntraînementJe reprends une recette qui m’a toujours réussi pour mes premières courses à pied (semi et marathon) : trouver un plan d’entraînement adapté et le suivre le plus possible à la lettre. Bon, avec 5 ou 6 entraînements par semaine, c’est plus compliqué pour moi mais quand je suis motivé…
Globalement, je l’ai plutôt bien respecté à quelques exceptions près : j’ai plutôt nagé aux entraînements du club que faits ceux du plan et j’ai dû gérer et alléger mon entraînement de CAP à cause d’une p… de périostite dès janvier
.
Je partais de zéro en vélo l’été dernier et franchement c’est la discipline que je redoutais le plus. Ce qui m’a vraiment mis en confiance, c’est le STTR 2018 : super ambiance, nombreux conseils et gros volume encaissé pour moi sans trop d’encombres. Encore merci pour les conseils les rilliettes !!
Avant courseJ’ai commencé à guetter la météo prévue 10 jours avant, et tous les jours : ben pas rassurant du tout quand c’est son premier et qu’il faut savoir comment s’habiller. Cà m’a bien stressé les derniers jours
Retrait du dossard le vendredi soir avant d’aller dormir chez les amis
Le samedi matin, préparation des sacs de transition : j’ai dû vérifier ma check-list au moins dix fois
. Et décider quelle tenue pour le vélo, pfffff pas facile vu la météo annoncée
Samedi après-midi : on dépose le sac T2 et on repère bien le parcours qu’il faudra faire en arrivant pour poser le vélo et récupérer son sac Run. Idem au parc à Vélo pour T1
il fait super beau, on nage dans le lac en reco quelques longueurs pendant que plein de gens se font bronzer (hallucinant si on imagine la météo du lendemain)
Samedi soir : Un plat de pâtes, une bière et un verre de vin (j’ai pas pu résister
) et au lit vers 22H30.
Impossible de m’endormir avant minuit, j’ai dû refaire 10 fois chaque transition dans ma tête et me faire des frayeurs en croyant avoir oublié ceci ou cela dans les sacs de transition
Le Jour J (enfin !!!)Lever à 4H45 : la première chose que je fais, c’est un coup d’œil sur la météo prévue : pluie forte annoncée à partir de midi seulement, cà devrait le faire pour le vélo, oufff car je crains vachement pour les descentes (malheureusement çà s’est pas passé comme çà du tout mais alors pas du tout…)
Petit déjeuner tranquille et on part vers 5H30 avec mon pote, ma femme et mon fils (qui dort encore à moitié mdrrr)
On arrive tranquille à 6H15 , je cherche à voir les rilliettes dans le parc à vélo car j’ai repéré leurs numéros de dossard mais pas de chance, je les trouve pas
Un petit tour dans l’eau pour se mouiller plus que pour s’échauffer : j’ai hâte que çà commence
Entretemps j’ai perdu mon pote et donc je me retrouve tout seul dans les sas : pas de rilliette en vue encore
Il fait vachement doux. A ce moment, impossible d’imaginer l’enfer qui m’attend sur le vélo…
Je me mets dans le sas 38 mn et j’attends mon tour. Après 10mn, j’en ai marre, c’est trop long, j’ai qu’une envie : partir en découdre
Je double sur la gauche et prends le départ avec la fin du sas 36mn
C’est parti enfin !!
NatationJe découvre le rolling start : c’est génial par rapport à la machine à laver de saint pierre d’Albigny, ma seule référence il est vrai
Je trouve rapidement mon rythme et j’ai décidé de serrer à droite : mauvais choix en fait car j’arrive pas à nager droit et je me retrouve sans cesse de l’autre côté des bouées sans m’en rendre compte (car je respire tous les 2 temps à droite). Cà durera toute la première ligne droite.
Pas d’embouteillage à la bouée du virage, quel bonheur !!!
Après le deuxième virage, je décide de me décaler des bouées. Mais pourquoi je l’ai pas fait avant, quel con…
Je nage beaucoup plus droit car je peux corriger au fur et à mesure
Je nage beaucoup mieux sur cette deuxième partie
A la sortie de l’eau, 36mn. Content de mon chrono car pas trop mal géré mes efforts.
T1Il faut courir 400 m pour arriver aux sacs de transition. Au moins on a le temps d’enlever sa combi.
Et là, le casse tête : comment je m’habille ? J’ai choisi d’avoir maillot vélo manches courtes, manchons pour les bras et coupe vent.
J’ai pas froid alors je roule le tout et mets çà dans mes poches de trifonction : je pars comme çà, on verra bien
Je trouve vite mon vélo grâce au repérage de la veille et je pars.
VéloUne barre énergétique et c’est parti
Les premiers kms roulent bien et j’ai pas froid (pas encore…) : il pleut pas encore
Première bosse : je monte au train. Je me fais doubler mais j’en double aussi lol. Au sommet, je suis plutôt content de ma montée
Je boucle la première heure à une moyenne d’environ 28km/h en ayant géré : je commence à me dire que mon pote avait raison en disant que je bouclerais le vélo en 3h et pas en 4h comme je le vise.
Je croise des premières crevaisons : je croise les doigts car c’est ce que je redoute le plus sur le vélo : pas pouvoir finir à cause d’une crevaison ou incident méca
J’aurais mieux fait de redouter la météo plutôt
Il commence à pleuvoir légèrement : je m’arrête pour mettre mon coupe vent, je décide de pas mettre les manchons ni le maillot vélo.
Et là, l’enfer commence à peine reparti… KM41 , il en reste 47…
C’est le déluge en à peine deux minutes
Un vent avec des bourrasques énormes, un déluge de pluie (une bonne drache comme on dit dans mon Nord natal sauf que celle-là elle va durer 2 heures !!!).
En 5 minutes, je suis trempé comme si je sortais de la piscine.
J’ai peut être pas compris la transition T1, il fallait peut être garder la combinaison néoprène pour le vélo
Cà ne s’arrête pas, c’est terrible : j’ai l’impression que mes chaussures sont remplies d’eau tellement j’ai les pieds trempés
Je lutte contre les bourrasques de vent de face, de côté. Les mecs avec leur vélo de chrono et roue pleine se cramponnent à leur cintre pour pas dégager sur le côté tellement les bourrasques sont fortes.
Je me force à boire régulièrement même si j’ai pas du tout soif avec toute cette eau qui me tombe dessus.
Puis la grêle alors que j’ai le vent de face : j’en prends plein la gueule et çà claque sur le visage. J’aperçois au loin des coureurs qui se sont regroupés en peloton, j’appuie pour essayer de les rattraper et me protéger un peu. J’aurais beau essayer, j’y arriverais pas et resterai tout seul.
La température a dégringolé : je commence à avoir froid aux jambes et surtout je sens plus mes doigts
Des coureurs se sont arrêtés pour se protéger. J’en double qui sont transis de froid. Je positive, j’en suis pas à ce stade
On approche du col de cengle, je me dis que çà sera peut être dégagé de l’autre côté pour me rassurer. Ben çà n’arrivera pas…
La montée se fait dans les mêmes conditions avec la brume en plus et une eau qui ruisselle en continu sur toute la route : j’ai l’impression de monter à contre courant
La gestion des conditions météo prend le dessus sur la gestion technique de la montée mais au final, je gère plutôt pas mal la montée (merci le STTR en Ardèche et les Monts d’Or)
Arrivé en haut, je me dis que le plus dur est passé, plus que 18kms. Eh ben non
Je suis gelé, je commence à grelotter et il pleut toujours autant.
La descente est un calvaire : les mains en permanence sur les freins pour pas prendre de vitesse car la route est ruisselante, les bras qui tremblent et les doigts gelés
De nombreux coureurs sont arrêtés sur le bord de la route avec des couvertures de survie sur les épaules, l y a des camions de pompiers tous les deux virages ou presque
Dans la descente je verrai 3 chutes de coureur, heureusement sans gravité.
A ce moment là, je ne pense qu’à une chose : ne pas tomber et rentrer à la transition pour me réchauffer
Une dernière petite montée avant d’arriver sur Aix en Provence et je vois le bout
Je finis en 3h25 : inespéré pour moi, çà me file un coup de boost au moral
T2Content de poser le vélo, j’ai hâte de courir pour me réchauffer car je suis gelé.
Je dois faire presque 200m avec les chaussures de vélo gorgées d’eau au pied et je manque presque de me casser la gueule car ca glisse
Je prends mon temps à la transition histoire de me réchauffer. Même là, c’est compliqué car il faut protéger ses affaires de la pluie qui continue à tomber. Et j’ai les doigts gelés, purée…
Quelqu’un me tape sur l’épaule : c’est ADE, enfin une rilliette, chouette
Autour de moi des gens qui sont congelés, qui tremblent de froid, avec la couverture de survie : j’aurais jamais cru voir çà dans un triathlon
Je suis prêt à partir et hésite à prendre une couverture de survie. Finalement, j’en prends une à la main au cas où (je la jetterai au bout d’un km tellement le bruit que çà fait me gonfle) et pars avec le tee-shirt des 30ans de rilliette sur le dos.
CAPDès la sortie de T1, ma cop’s de marseille m’encourage « Allez, c’est la fin Bertrand ». Je me dis qu’elle a raison, le plus dur est passé même si il reste 20kms à courir.
A la base je vise 5mn20 au km. Mais là, je me dis que si je finis en 5mn40 je serai content.
Pas trop mal aux jambes, je me réchauffe un peu mais c’est pas encore çà. Et je suis sur un bon rythme.
Cà fait bizarre de voir des gens courir emmitouflés dans une couverture de survie : surréaliste
Mais d’un coup, au KM2 environ, grosse douleur au tibia : p… de périostite qui se réveille. Là, je suis inquiet de pas pouvoir finir. Je ralentis. La douleur s’estompe au bout de 2mn. Je croiserai les doigts toute la course pour que çà revienne pas .
En bas d’une rue, de gros encouragements : c’est le fan club des rilliettes, super, merci, çà fait du bien et je me dis qu’ils sont super courageux aussi car ils doivent être gelés aussi
Le parcours a de nombreuses bosses et çà j’aime pas. Là, je réalise que je vais un peu payer mon entraînement allégé forcé en CAP.
C’est super boueux dans le parc, gare aux glissades
Je suis dans le dur dans toutes les montées alors je gère.
ADE me double dans une montée à la fin du 1 er tour et m’encourage
Je boucle le premier tour, j’ai moins froid mais je sens que les montées me font mal aux jambes donc je vais gérer le rythme tout le long pour être sûr d’éviter les crampes.
Le deuxième tour se passe pas trop mal et me rassure : je vais finir, c’est sûr.
Cà me booste le moral et je pense même à essayer d’accélérer mais les jambes dans les montées me rappellent à l’ordre. Restons calme
J’attaque le troisième tour : mon fiston m’encourage en courant à côté de moi
Cà aide de connaître le parcours car j’ai mes repères.
De nouveau les gros encouragements du fan club des rilliettes : quel enthousiasme!!
Après avoir passé la moitié du dernier tour, je commence à me relâcher et réaliser que je vais réussir mon objectif: finir un 70.3
Je profite des 3 derniers kms, je crois même que je souris (en tout cas intérieurement, c’est sûr)
Je croise Gregos dans le dernier km qui m’interpelle
Je passe la dernière montée, le virage en haut et çà ne fait que descendre ou presque maintenant.
Ma foulée se relâche comme mon esprit, je savoure vraiment les dernières centaines de mètres (les mêmes sensations que le dernier km de mon premier marathon, je me rappelle)
Je pense même à enlever mon tee shirt pour finir en trifonction : la classe
Finisher !Ma femme et mon fiston sont là
6h19 : inespéré pour moi et encore plus vu les conditions
Super content
J’attends mon pote qui est parti après moi en natation et qui devrait pas tarder selon ma femme : il arrive 15mn après en 6h18
Petite photo souvenir
Dommage qu’on ne puisse pas s’éterniser vu les conditions météo, on a trop froid
On récupère nos sacs et vélo et on célébrera çà à l’appart
Je réalise seulement le lendemain les conditions dantesques de la course en voyant le nombre d’abandons.
Il faut reconnaître que j’avais un avantage par rapport à nombre de concurrents : c’était mon premier et je n’avais qu’une chose en tête : le finir. Si c’était un 70.3 parmi tant d’autres, peut être que je l’aurai pas fini, va savoir
En tout cas, çà restera un super souvenir (et c’est pour çà que j’ai fait un CR aussi détaillé, pour pouvoir me remémorer les détails à mes vieux jours
)
Vivement le prochain 70.3 de Gérardmer avec plein de rilliettes