Inscrit à l’Alpsman en Octobre 2022. Cette course proche de la maison me titillait depuis quelques temps tant par sa situation géographique que par sa dimension et son dénivelé.
Après 10 IM entre 2010 et 2022, je voulais un nouveau challenge.
Si l’automne c’était bien passé avec des perfs en courses à pieds qui étaient encourageantes, l’hiver a été tout autre… En effet, j’ai connu pas mal de problèmes physiques (épaule gauche, cheville, talon) et surtout je n’ai pas trouvé le temps de m’entrainer correctement en vélo ni de faire du ski de fonds (que j’affectionne particulièrement).
Bref, le printemps était déjà là, pas plus de temps pour faire des tours de bicyclette.
Si je voyais s’éloigner l’objectif de devenir TOP Finisher, je ne savais pas encore que la journée qui m’attendait allait être la pire de ma vie de triathlète
A 3 semaines de l’objectif, je pars en séminaire à CARNAC avec 15 autres collègues afin de participer aux « IMMOLYMPIADE », manifestation sportive du groupe Procivis rassemblant cette année 29 équipes (avec comme marraines cette année Laura FLESSELLE et Florence MASSENADA). Nous devions ramener le trophée déjà gagné l’année dernière par notre société.
Le jeudi 11 Mai, je m’entrainais dans la piscine… mes collègues m’ont pris pour un dingue. J’ai enchaîné un petit 2000 m sans m’arrêter. Je les aient alors informé de l’épreuve que je préparais…
Vendredi matin après la fête de la veille, réveil musculaire et nous commençons les épreuves.
Nous gagnons les 2 premières épreuves (le poteau from KOH LANTHA et un relais dans des filets type accrobranche). Lors de la troisième épreuve, nous devons réaliser un relais type biathlon (course à pieds – tir). Je suis désigné pour prendre le 1er relais sauf qu’au moment de m’arrêter au stand de tir, je glisse, tombe sur le coude et me luxe l’épaule droite.
Je suis face au sol, je sais que je me suis fais très mal mais n’identifie pas encore la gravité de la blessure… une chose est sûre, je ne peux plus bouger le bras… je comprends immédiatement par contre que je viens de dire adieu à l’Alpsman… Les secouristes de la Croix-Rouge présents sur place me relève. La tête de l’épaule est en haut du pectoral. Le secouriste refuse de me réduire la luxation et appel les pompiers. J’ai mal rien qu’en respirant. A un moment, je me relaxe un max, laisse pendre doucement mon bras et « CRAC » l’épaule revient en place. La douleur du ¼ de seconde est indescriptible par contre ensuite quel soulagement ! Un shoot d’adrénaline, le nirvana
Le secouriste m’engueule, vérifie ma tension, que je peux bien bouger les doigts, que je n’ai pas de picotement et surtout que le sang circule bien jusqu’au bout des doigts. Bref, direction ensuite les urgences pour une radio et je repars avec le bras en écharpe pour 3 semaines. Au final, mon équipe se sera battu pour moi et nous avons ramené le trophée à la Maison pour la seconde année consécutive.
Les deux semaines qui suivent sont compliqués, surtout les nuits. Je me réveil 25 fois par nuit et revit l’accident chaque jour…
Puis à 6 jours de l’évènement, je me réveil le matin sans douleur, je retrouve de l’amplitude dans mes mouvements. Je me dit « Alors peut-être »… Je contacte une copine Kiné qui est d’accord pour me faire un strap d’épaule pour la course. A 3 jours de l’Alpsman, je prends la décision de la faire et regroupe en urgence mes affaires, prends du malto, etc…
A J-2, je choppe un rhume qui me coupe les jambes. J’en ai vu d’autres, espérons que çà passe en 48 h.
Vendredi départ pour Saint-Jorioz, retrait du dossard, dépose du vélo.
L’environnement est chouette, l’ambiance est familiale, rien à voir avec les labels IRONMAN.
Il fait chaud et lourd, les orages menacent.
Ma femme et mes enfants arrivent à Annecy (ou nous logeons chez mon oncle), je n’ai pas le temps d’assister au Briefing (GROSSE ERREUR
)
Pasta party en famille et dodo car le réveil sonnera à 2h30 du mat (Le parc à vélo ferme à 4h30).
Je suis épuisé, je m’endors comme un enfant en 5 min…
Réveil à 2h30 sans soucis. P’tit déj comme à mon habitude avec banane, miel et gâteaux secs.
Arrivée à Saint-Jorioz, aucun Pb pour se garer à côté du site. Dépose des caisses (T1 entre la sortie de l’eau et la tente ou l’on se change et T2 au pied du vélo). Direction l’embarcadère. Je prends le 1er des trois bateaux qui nous emmènent au milieu du lac. Je ne trouve pas de place à l’intérieur et suis donc sur le pont arrière à l’extérieur, durant la navigation, je me pèle
, je commence à cogiter et si ceci et si cela… Il est maintenant trop tard pour reculer. Au moment ou nous arrivons sur le site de départ, je me réfugie à l’intérieur pour finir de me préparer et me réchauffer.
Puis… Mise à l’eau. Un petit saut et çà y est, j’y suis. L’eau est étonnement pas si froide que çà.
Tout le monde se positionne sur les cailloux au milieu du lac qui nous permettent de ne pas s’épuiser. Départ dans 1 minutes… Corne de Brume… et c’est parti. L'ambiance est sympa. Le lac est calme. Tout est réuni pour une belle journée
Je tente de nager en crawl… IMPOSSIBLE ! Mon épaule me lance, je la sens qui vacille, une douleur me parcours le bras de l’épaule au coude… bon, peut-être que lorsque je serais chaud, çà passera mais en attendant ce sera en brasse qu’il va falloir avancer. Mais là encore, mon mouvement de brasse est limité en amplitude. Je dois faire une espèce de nage petit chien avec les bras. PUT… çà va être long cette histoire. Autour de moi, des nageurs en crawl n’avancent pas plus vite que moi… J’ai une petite pensée pour toutes les enclumes
(Les mecs, les filles, vous êtes des warriors de rester comme çà à l’arrière du peloton...). Au bout de 20 minutes environ, j’ai un bon rythme, je suis avec deux personnes et avançons au même rythme. Je retente de faire du crawl… toujours les mêmes douleurs. Je fais un peu de crawl à un bras, tente de faire également du dos… mais rien n’y fait, ce sera en brasse que je dois regagner T1. J’avance lentement mais surement. Sauf qu’au bout d’1h10, la machine se grippe assez nettement
. Ma combinaison m’irrite au niveau du cou, je commence à avoir faim et surtout commence à manquer d’énergie. C’est en plus à ce moment-là que je m’aperçois que ma montre n’a pas marché et indique en distance 6 m ! Je regarde au loin et vois la zone d’arrivée se rapprocher petit à petit mais que c’est long… vivement que je quitte le milieu aquatique. Je sors finalement en 1h40 déjà bien entamé. Je m’équipe rapidement et pars sur mon vélo et commence directement à manger, manger, boire.
Je fais une bonne T1 comme à mon habitude.
Par contre, j’ai la dâle !
A peine après avoir fait 700 m, la route s’élève déjà. Les jambes ne répondent pas mais je sais que je dois être patient vu l’effort que je viens de fournir dans l’eau et surtout ce qui m’attend.
Je me fais régulièrement doubler par des groupes dont certains roule ensemble comme dans une cyclo…
Mon épaule tire, sans que cela me fasse mal. Arrivée au col de Leschaux, toujours pas de carburant dans le moteur, je mange encore et m’hydrate car déjà le soleil tape. En direction du SEMNOZ, la route est magnifique, les paysages grandioses. J’aborde alors la montée du SEMNOZ, j’ai tellement mangé que j’ai mal au ventre maintenant, je m’arrête même à un moment pour évacuer ce que j’ai dans le bide…
de même impossible de trouver un bon rythme dans cette montée. Je suis scotché au bitume, je ne peux pas me mettre en danseuse non plus. Alors je patiente encore et encore qu’enfin je retrouve de l’énergie. Arrivée en haut du Semnoz, le ravito consiste en Eau, banane, raisins secs et 2 petits abricots secs que j’engloutit. C’est super léger !
Je commence alors la descente mais au bout de 300 je m’arrête pour me reposer. Je me pose assis parterre, profite deux seconde du soleil et tente de reprendre des forces. Je commence à me dire que je devrais peut-être arrêter là. Je me persuade que çà va bien venir à un moment donné. Je reprends la route mais 2 km plus loin, je fais demi-tour et commence à me dire que çà y est j’abandonne.
Je remonte un petit km avant de croiser un concurrent plus âgé que moi qui lui a la banane… PUT… DOUD, tu peux le faire. Demi-tour illico presto et je rejoins mon compagnon de galère plus bas dans la descente. Nous faisons route ensemble en direction du col de Plainpalais. La route s’élève à nouveau. J’ai l’impression que cela va mieux… en fait, ce sera encore pire qu’avant. Dans cette montée, nous sommes rejoints par les concurrents du Half. Là encore je reste scotché au bitume. Je prends mal au dos. Arrivé au ravito au col. Je m’arrête une bonne vingtaine de minutes. Le service Médical me demande de m’asseoir…
Je dois vraiment avoir une sale gueule. Je tente de reprendre des forces. Entre le 60ème et 106ème Km, je retrouve un peu de force mais je ne prends aucun plaisir.
Je perds au passage une lentille dans l'affaire...
Arrivée au Ravito avant la seconde boucle, un bénévole demande si nous en sommes à notre 1er ou 2nd tour car il ne reste que 10 minutes avant d’être hors course… WTF – Je vais me faire reprendre par la voiture balais… Grrrr
C’est une première pour moi de me retrouver en queue de peloton. Le compétiteur que je suis ne se laisse pas abattre et je repars fleur au fusil pour finir la partie vélo.
Le 2nd tour se passe bien. Je me prends 2 orages sur la Gueule qui me rafraîchissent les idées.
Les jambes arrivent enfin et je fais un second tour à quasi 25 Km/h de moyenne alors que j’étais jusqu’à présent à 17 – 18 Km/h.
Je reprends quelques gars hagards par-ci par-là, mais nous sommes bien seuls.
Le retour sur Saint-Jorioz est plaisant. J’arrive à T2 alors que certains montent déjà au Semnoz.
Je retrouve femme-enfants et ma maman venue me soutenir.
J’ai de bonnes jambes. Je pars bille en tête mais juste après la fameuse cloche, une bénévole nous dit avec un autre mec de prendre à droite… en fait c’était la direction du SEMNOZ… J’ai fais une boucle d’environ 5 à 6 Km pour rien… Je suis dégoûté.
Je me traîne alors lamentablement de Km en Km. J’ai mal au ventre mais plus encore, je ne prends aucun plaisir. Le mental travail un max.
Je n’ai pas le droit d’arrêter après tout ce que j’ai vécu aujourd’hui. Je commence à me dire que je ne ferais que 4 des 5 tours à faire pour être Lake Finisher car le parcours pédestre de nuit avec pierres, racines me fait peur. J’ai déjà une épaule en vrac, il ne faudrait pas que je me fasse encore plus mal.
Lors de mon 4ème Tour en Cap, lorsque nous traverssons par 2 fois le route, il n’y a plus de bénévoles…
s’en est trop, je décide d’arrêter à la fin du 4ème Tour.
Arrivée vers l’arche d’arrivée, j’en informe ma femme, mon fils dort déjà. A quoi bon continuer. Qu’ai-je donc à prouver ? A qui ? Pourquoi ?
Je passe la ligne d’arrivée avec ma fille puisqu’elle en rêvait. Puis je pars discrètement de cette épreuve qui m’aura fait tant souffrir aujourd’hui.
Après tois semaines, je me demande encore pourquoi j’ai fait la connerie de prendre le départ.
Je reste sur une grosse déception. Je vais devoir me reconstruire et surtout prendre plus soin de mon corps pour retrouver du plaisir et des sensations.
Encore merci à toutes les rilliettes pour vos encouragemenst durant la journée.
Pour info, j'ai commencé aujourd'hui ma reconstruction avec ma 1ère séance de Kiné / Keep Going Never Give Up
Bon été à tous
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