Hommage à une grande championne, contrainte par la maladie, qui quitte la compétition.
Nous lui souhaitons de réussir sa reconversion aussi bien que sa carrière exemplaire.
Au revoir Sophie.
Hommage à une grande championne
Sophie Delemer est et restera une grande championne. Elle nous a donné de nombreux frissons, et l'annonce de l'arrêt subit de sa carrière a surpris toute la communauté des triathlètes
Voilà quelques jours notre confrère Pascal Boutreau de l'Equipe me confiait cette nouvelle alarmante à propos d'une des françaises les plus médaillées de notre sport : "L'arrêt de la carrière de Sophie Delemer où une mort subite après des problèmes de santé graves."
Le télégramme publié dans nos colonnes il y a deux jours ne souffrait d'aucune équivoque : la championne du Triathl'Aix allait bien être obligée de stopper net une carrière débutée en 1990 lors des Championnats d'Europe à Linz, où elle avait terminé 7ème.
Ponctuée de nombreuses victoires dont cette dernière grande victoire à Gérardmer lors de l'Ironman France 2004, la carrière de Sophie a tout bonnement été exceptionnelle. Elle termine seconde de l'Half-Ironman de Monaco en 2005, mais ses deux dernières années sont hélas ponctuées de nombreux passages à l'hôpital, atteinte d'abord par le virus de la mononucléose qui la fait abandonner ses dernières illusions de participation à Hawaii (elle est forfait une semaine seulement avant la course). C'est une pneumonie qui l'affecte alors qu'elle est en lice pour l'Ironman South Africa 2005 et cet arrêt trop long la contraint à annoncer son forfait pour les Championnats de France LD à Lorient.
Nous venons de recevoir aujourd'hui la confirmation de l'état de santé de Sophie, qui dans la lettre qui suit et qu'elle vient de nous faire parvenir, est pour le moins préoccupant pour un sportif. Mieux vaut donc pour elle privilégier sa vie, et non pas une "survie" au sein d'un sport qui lui a tout, ou presque, apporté.
Toute la rédaction d'Xtriathlon est désolée de ne plus voir à l'avenir les larmes de joie de Sophie lors du passage d'une ligne d'arrivée… mais qu'y a-t-il de plus précieux que la santé ?
Nous te souhaitons, Sophie, un rétablissement durable et surtout une nouvelle vie agréable. Ne quitte pas notre sport surtout !
Sophie Delemer, lettre du 27 mars 2006 :
Voici une brutale nouvelle : J’arrête ma carrière de triathlète pour un problème de santé.
En effet, on m’a diagnostiqué UNE DYSPLASIE ARYTHLMOGENE DU VENTRICULE DROIT COMPLIQUEE DE TACHYCARDIES VENTRICULAIRES.
En clair je déclenche des tachycardies ventriculaires à 210 pulsations minutes et souffrant d’une maladie génétique sous-jacente (dysplasie du ventricule droit) je risque en cas de fibrillation, la syncope dont l’issue est la «mort subite » connue chez les sportifs.
Je sorts donc de la clinique A. Tzank à St Laurent du Var ou l’on m’a placé un DEFIBRILLATEUR SOUS LE PECTORAL GAUCHE ET UNE SONDE DANS LA POINTE DU VENTRICULE DROIT qui enverra des ondes pour réduire une tachycardie ou un choque si je suis en fibrillation.
Difficile d’y croire, d’autant que mes séances d’entraînement étaient concluantes : La force, la forme et la motivation étaient là ! Je venais d’arrêter mon programme définitif de compétitions.
Adieu donc mes rêves de victoire sur mon parcours adoré de Gérardmer, l’espoir d’une perf au Championnat du Monde…
Impossible de mettre de l’ordre dans ma tête pour expliquer toutes ces sensations que je vais regretter : les séances à l’arraché entre collègues, la COMPETITION !…
Il faut franchir le rubicond, mais le Triathlon est un sport trop génial et j’aimerai y rester impliquée. En attendant, me voici supportrice de mes chouchous Estelle et Delphine, Pierre, Pat, Stéphane et Cyrille sur qui je compte pour me donner des frissons.
Mayhar Monshipour a dit : "Il ne faut prendre que le bon", je n’ai pas eu sa carrière exemplaire et sans faille mais comme lui, je me souviens du bon; j’ai été
Vice-Championne du Monde, médaillée de Bronze au Championnat d’Europe, 2 victoires au triathlon de Nice, une à l’Ironman de Gérardmer, une en Coupe du Monde, de multiples podiums internationaux avec l’Equipe de France, quelques titres de Championne de France…
J’ai toujours apporté grands soins au choix de mon matériel et des personnes qui m’entourent, j’ai toujours voulu le meilleur. C’est pour cela qu’aujourd’hui je suis sincèrement reconnaissante du soutien fidèle des entraîneurs, partenaires, clubs, organisateurs et journalistes qui ont jalonné ma carrière; votre collaboration et vos encouragements permanents m’ont permis tous ces podiums.
Vous l’avez compris, je ne demeurerai jamais loin du triathlon, nous aurons donc, je l’espère l’occasion de nous rencontrer à nouveau.
Sportivement, Sophie Delemer