http://lebrunnico.free.fr/NicolasLebrun/pascool.htm
Très intéressant sur son super site, une explication de "texte", comme on aime à lire, sans langue de bois:
Les vraies raisons...
Arrivé à Richmond (VA, USA) pour le Nissan XTerra East Championship depuis hier, je voudrais revenir sur le changement de programme de dernière minute qui m’a fait ne pas participer aux championnats de France de Duathlon à Gonfreville il y a quelques jours. Les raisons sont diverses et variées, feront rire ou enrager certain, sembleront peut être incompréhensibles pour d’autres et n’auront aucun intérêt pour beaucoup j’en suis sûr...
Avant de commencer mon exposé, je veut insister sur le fait que je me positionne ici bien entendu en tant que sportif (quatre fois champion de France de Duathlon, 3 fois sur le podium élite individuel des championnat du monde et vainqueur de quelques grand prix et Powerman, dans ma jeunesse il est vrai…), présent sur le circuit international depuis plus de 8 ans, mais aussi en tant que Président de l'association « Athl'éthique », organisatrice des duathlons de Digne-les-Bains en 2001 et du Tri des Neiges de Chabanon en janvier dernier, postulant pour l’organisation des championnats de France en 2007.
En tant que sportif, je suis professionnel depuis 1993, ce qui veut dire que je ne tire de « salaire » que de mon activité sportive et de ce qu’il en découle de par mes résultats. Peu de tri/duathlètes en France se le permettent. Beaucoup choisissent la protection d’un « emploi fictif » ou sont engagés. Je dois ainsi gérer ma vie d’athlète comme une petite société. J’ai des frais d’exploitation (matériel - et oui encore un peu…-, déplacements, communication, etc.) et des rentrées d'argent diverses (partenaires, primes, défraiements). Le but étant comme pour toute entreprise de faire des bénéfices pour survivre et avancer, continuer de faire ce que je sais le mieux faire et qui m’apporte tant de plaisir depuis plus de 10 ans. Je dois donc avoir des stratégies et objectifs dans ce sens, avec des retombées directes ou indirectes, à court ou moyen terme. Et dans cette optique, à l'étude du cas « Gonfreville », la stratégie commerciale me semblait vraiment mauvaise.... Certains diront donc « quel scandale ce type il court uniquement pour le fric ! » Je leur répond : oui c'est mon métier. Et si je veux continuer d’y consacrer exclusivement ma vie, je dois réfléchir un minimum à ce que je fais. Que ceux qui ne travaillent que bénévolement me fassent la morale…
Il y aurait néanmoins eu bien des raisons qui auraient pu me pousser à participer à ces championnats de France malgré les frais occasionnés.
La course au statut d'athlète de haut niveau par exemple... Je l'ai faite, pendant de nombreuses années. Je suis sur les listes depuis la saison dernière, ce qui m’a permis d'avoir un peu plus de poids dans des négociations, et m’a aussi apporté une aide financière temporaire. Je « profite » actuellement de ma deuxième saison « élite », mais l’aide financière a disparu cette année et le « poids » que je vais perdre en abandonnant ce statut, j'espère bien le récupérer différemment. Ce que je m'emplois déjà à faire par ailleurs.
« Bon vent ! ça fera une place de plus pour les autres… »
Je dois reconnaître qu’il y a également un point auquel j’attache une importance certaine dans le choix de mon calendrier : j'aime être reconnu ! « Flattage d’égo ! » Et si j'ai fait autant de sport et ai cherché à aller toujours plus loin, c'est aussi pour cela. La « gloire », à notre modeste niveau. Et qui ne recherche pas un minimum de reconnaissance dans son travail ? Cela représente aussi un rêve qui se réalise pour moi. Et quand je dois choisir entre une organisation qui m'invite, semble être honoré de ma présence, m'aide ne serait ce que dans la logistique quand ce n'est pas dans la totalité du déplacement, ou une autre qui ne semble trouver aucun intérêt à ma participation, le choix n’est pas très difficile... Le travail et les investissements que je fais au niveau de ma communication me servent bien évidemment à titre personnel, j'en fais bénéficier mes partenaires, mais aussi les organisations auxquelles je participe et j’apprécie qu’il y ait un retour !
En tant qu’organisateur, là aussi je gère mes épreuves comme une petite entreprise, prestataire de services. Et je tire un bénéfice certain dans la communication de mes épreuves de la venue d’athlètes de renom. La couverture médiatique en est toujours accrue, me permettant de démarcher plus de partenaires, qui me permettront à leur tour, grâce à leur participation d’offrir un meilleur accueil et un « produit » de meilleure qualité à la masse des athlètes engagés, qui reviendront plus nombreux. Et ainsi de suite, tout se rejoint. Quand je vois mon pote Pierrot (Marion) qui revient des Frances de Tri écœuré de l’accueil qu’ont eu les athlètes sur place (son texte sur ce sujet sera en ligne dans quelques jours dans cette rubrique) ou quand je vois certaines organisations qui prennent vraiment les concurrents pour des vaches à lait sans investissements apparents dans les prestations qu’ils fournissent aux engagés, je me demande s’ils ont bien compris la démarche fondamentale d’organiser un évènement sportif.
Une semaine en Sardaigne, ça esquinte !
Une ambiance vraiment hors du commun, une organisation parfaite, le soleil, le petit vin local d'Antonio, les soirées à la Taverna Romana avec toute la squadra du triathlon club de Villacidro, les plats locaux pas forcément très conseillé la veille de la course d’ailleurs, les belles sardes..., des parcours ou même en pleine course tu prend du plaisir à être dans la nature, le côté ludique du VTT en descente... Voilà une raison de plus, du simple point de vue du plaisir cette fois, qui ne m’a pas fait trouver la motivation suffisante à prendre le train vers le nord. Et pourtant je m'y suis à chaque fois régalé. Mais pour courir, j'ai aussi besoin que ça me fasse rêver. Et aujourd'hui mes rêves semblent être ailleurs.
Enfin, à tout cela j’ajoute encore un calendrier chargé, des objectifs majeurs situés très tard dans la saison (octobre/novembre) pour lesquels je dois garder mes forces, la nécessité de m’entraîner en natation (accrue cette année suite à mon repos forcé de l’hiver et trop souvent occultée par les nombreux déplacements), la fatigue déjà accumulée, le manque de préparation pour ce type d’épreuve, le fait que je ne voudrais pas avoir à refuser une sélection en équipe de France puisque déjà engagé auprès des organisateurs du Xterra Brésil…
J’ai donc profité de ces quelques jours pour travailler sur l'organisation de Chabanon afin d'obtenir l'agrément "championnat de France" en 2007 et me payer le luxe d'inviter un maximum d’athlètes sur ma course et les recevoir tous comme j'aime être reçu depuis quelques années un peu partout dans le Monde !