Le prodige Longrée

L'allemand Maximilian Longrée est un véritable phénomène. A 25 ans il vient de se classer vingtième de l'Ironman d'Hawaii, mais surtout premier "amateur". Portrait d'un futur pro


Xtriathlon : Salut Maximilian et très heureux de mieux te connaître au travers de cette interview. Tu viens de terminer 20ème à Hawaii, en terminant premier de ton groupe d'âge (25-29). Tu pourrais courir chez les pros avec des temps pareils. Pourquoi ne le fais-tu pas ?

Maximilian Longrée : C'est une bonne question ! En 2004 je me suis qualifié pour Hawaii lors de l'Ironman de Zurich, en terminant douzième au scratch. Cette année-là, moi-même et mon frère Sebastian, qui vient de terminer son sixième Hawaii, voulions aller tous les deux courir le légendaire Ironman d'Hawaii, pour y vivre notre rêve d'y passer la ligne d'arrivée. Malheureusement, quelques jours avant la course j'ai eu un accident. J'ai été renversé par une voiture et suis tombé lourdement au sol. Cela m'a provoqué de grosses contusions à la cuisse, et mon cadre de vélo était cassé. C'était possible de changer le cadre rapidement mais il m'était impossible d'envisager de courir un marathon complet sur une jambe. Malgré cela j'y suis allé mais j'ai dû abandonner au km20.

En 2005 je me suis de nouveau qualifié, lors de l'Ironman UK, où j'ai terminé septième au scratch. Je n'ai pas pris mon slot parce que j'avais des examens à l'université.

Cette année était donc notre dernière chance d'avoir à nouveau notre "rêve de frangins" et de finir ensemble à Kona. Aussi c'était un peu "dangereux" de prendre le départ en tant que pro. J'ai donc décliné cette qualification. En tant qu'amateur c'était beaucoup plus sûr. Et puis tu sais je ne suis pas pro ! Je n'étais pas dans un camp d'entraînement avant Hawaii, comme le font de nombreux pros, et je devais m'entraîner chez moi, en Allemagne. En outre, j'avais de très importants examens quelques jours avant de prendre l'avion pour Hawaii. C'était très stressant à ce moment-là, de changer de place, entre la selle de mon vélo et le siège de mon bureau.
Il me faut travailler pour payer mes voyages et tout le matériel qu'il faut pour faire du triathlon.
Cependant, maintenant, j'ai atteint tout ce que je pouvais atteindre en tant qu'amateur : Champion du Monde, nouvelle Record du Monde de la meilleure performance d'un amateur à Hawaii avec cette vingtième place. Aussi la conséquence de tout cela est de devenir pro. Mais devenir pro veut dire pour moi que je peux en vivre : faire de nombreux camps d'entraînement, me concentrer sur mon job et surtout ne pas avoir d'ennui d'argent en ayant des sponsors !
Tout cela sont des points qu'il va falloir que je clarifie et que j'organise dans l'avenir proche. Et je veux aussi avoir ma maîtrise de business international afin d'assurer mes arrières.

Xtriathlon : Tu n'as que 25 ans, mais on dirait que tu as déjà acquis toute l'expérience des plus anciens athlètes du circuit Ironman. Quand as-tu débuté sur cette distance ?

Maximilian Longrée : Wow ! C'est une question que je suis toujours en train de me poser ! Tu as en tous cas absolument raison, car en regardant mes résultats passés, et ceux de Kona en font partie, tu peux voir sur les temps intermédiaires de chacune des disciplines que mes temps sont de plus en plus rapide au fil des kilomètres. Et avec ça de nombreux gens disent que je cours tranquillement et pas en force La majorité des athlètes de mon âge semblent en outre suivre la stratégie suivante : "Cours aussi fort que possible dès le début. On se fout de ce qui pourra arriver plus tard, mais reste aussi longtemps que possible en tête !". Ils utilisent cette stratégie durant des années et des années, et au fur et à mesure figurent de plus en plus rapidement sur la ligne d'arrivée. Mais cela prend beaucoup de temps pour y parvenir.

Ma stratégie à moi est d'être fort sur le marathon et de parvenir le plus vite possible à la ligne d'arrivée ! Tu vois ce que je veux dire ? Si je cours les années qui viennent en tant que pro, je serai mieux placé en natation et elle sera par conséquent pus facile. Ok, je perdrai un peu de temps mais je serai plus costaud à vélo et ferai le même marathon que cette année. Théoriquement, en 2007 j'aurai amélioré ma natation et je pourrai sortir avec "le groupe"…

J'ai couru mon premier Ironman à Lanzarote en 2001. Au km100 j'ai cassé une de mes jantes et j'ai été obligé d'abandonner. Après cela j'ai fait quelques courses ETU Longue Distance avant de terminer mon premier Ironman à Zurich en 2004.
Désormais, avec Hawaii, j'en suis à six Ironman bouclés !

Je dis souvent six challenges physiques… mais beaucoup plus mentalement ! Parce que je suis en fait impliqué sur le circuit Ironman depuis 1994. J'ai en effet l'avantage d'avoir un frère de 31 ans qui possède une grosse expérience de course. Il est mon frère mais aussi mon meilleur ami, et mon partenaire d'entraînement ! J'apprends vraiment beaucoup de lui sur les Ironman, c'est incroyable. Je prends part à tous ses sentiments et pensées avant, mais aussi pendant et après la course.
A chaque fois qu'il a souffert sur des courses et à chaque douleur qu'il a ressentie j'ai été touché moi aussi. J'ai l'impression à ces moments précis d'être dans son corps, d'être lui !

Xtriathlon : Que penses-tu du niveau de la course Hawaiienne cette année ? Penses-tu qu'il te soit possible d'atteindre les meilleures places dans un futur proche ?

Maximilian Longrée : Cette année a démontré que tout était très proche. Si tu regardes les résultats finaux tu peux t'apercevoir que les 60 premiers finishers terminent en 50 minutes ! Aussi je pense que physiquement il y a beaucoup d'athlètes du même niveau. La différence se fait sur les tactiques de course et les capacités mentales. Beaucoup d'athlètes parlent de trop et on les retrouve souvent dans Energy Lab, où tout le monde souffre. Cela est un point que tu ne peux régler dans de longues séances de course à pied ou des sessions plus dures d'entraînement ! C'est un point que tu dois régler avec ta tête !
Cette fois nous avons eu du grand Normann Stadler qui a fait pris l'ascendant à vélo et a dicté sa loi sur la course. Les autres athlètes auraient dû se méfier, et ne pas le laisser avoir plus de 10 minutes d'avance. Il a été plus fort. Et je suis sûr que si Stadler devait rouler dans le groupe de tête il serait capable de courir sous les 2h50 ! Je ne sais pas combien d'années il pourra faire cela, où s'il y aura l'émergence d'un nouveau "rouleur", mais si ce n'est pas le cas, cela pourrait devenir une course de coureurs à pied.
Et je ne l'espère pas !
Personnellement, si je n'arrive pas dans l'avenir à améliorer mes résultats, j'arrêterai le triathlon. Mais j'y crois. Par contre personne ne sait qu'Hawaii 2006 a été le meilleur résultat de ma carrière… Si j'ai les mêmes avantages que les pros je pense que les prochaines années pourront être payantes, et que mes efforts et mon énorme travail de 13 ans de triathlon seront profitables.
J'ai vraiment beaucoup bossé pour atteindre ce niveau, et je continuerai pour devenir meilleur, pas à pas.

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Ahhh merdouille !! encore un blog à la con: www.bilbo-wheel.over-blog.com