MJ par elle-même

Comment se sent-on lorsqu'on devient Championne du Monde ? Réponse de MJ… Michellie Jones bien sûr !


Une des premières questions qui m'a été posée lors de mon passage de la ligne d'arrivée de l'Ironman World Championships 2006 a été : "Comment se sent-on lorsqu'on devient Championne du Monde ?", ce à quoi j'ai répondu "Comment pensez-vous que je me sente ?" Très, très heureuse, irréelle, impressionnée, incroyable, je vole vers un endroit où je pourrais aller indéfiniment.

Ce ne sont que quelques-uns des mots qui pourraient décrire cet Ironman d'Hawaii si étrange. Début avec une natation où je savais que je pouvais faire quelque chose et pourrais toujours voir les premières. On a eu un bon gros courant sur le retour et quelques nageurs devant moi ont coupé leur effort, aussi il a fallu que je les contourne en battant plus fort des pieds afin de garder ma place à l'avant de la course. Je pouvais voir d'autres bonnets féminins autour de moi et c'est ce qui me rendait à ce moment très relax. J'ai appris seulement après qu'un bon nombre d'athlètes avait perdu de précieuses minutes, beaucoup plus que d'habitude. Quand je suis sortie de l'eau j'ai fait une transition très bonne et suis restée en tête durant 180km de vélo. J'ai très vite eu en ligne de mire les deux filles devant moi et, en rythme, les ai reprises toutes les deux dans les 10 premiers kilomètres. J'étais en tête et n'avais plus à me préoccuper que de mes ravitaillements, et de tourner les manivelles. Nous avons eu un vent de face sur le chemin mais cela changea aux alentours du 65ème kilomètre, puis dans la première partie d'Hawi le vent avait tourné et nous soufflait dans le dos. Quand j'ai pris le virage d'Hawi j'ai pu m'apercevoir que l'océan n'était pas agité, ce qui signifiait qu'il n'y avait pas de vent de latéral sur le parcours.
J'essayais de tenir un journal de bord à vélo afin de connaître mes adversaires directes, mais c'était très difficile de me souvenir des numéros de chaque athlète. Il me semblait que je gagnais du temps.
Au virage d'Hawi j'ai attrapé mon ravitaillement personnel qui contenait mes boissons énergétiques prévues pour la fin du vélo et j'ai avalé une pleine bouchée de pâtes vertes bien aigres (ma botte secrète !). Puis durant la seconde moitié j'ai noté que je perdais du temps. J'ai essayé de ne pas paniquer et de rester en rythme. C'est marrant parce que Paula me disait avant la course qu'elle ne serait pas surprise de voir des filles plus proches que dans mes Ironman précédents. J'étais préparée à cela quand c'est arrivé. Merci Paula.
Après 40km après la longue ligne droite depuis Hawi on a eu du vent de dos tout le temps jusqu'à la transition.

Comme à l'habitude, quand je suis descendue de vélo, mes jambes étaient un peu dures, aussi c'est à petites enjambées que je cherchais mes affaires de course à pied ainsi que d'autres pâtes. J'ai entendu Paula me dire d'avoir confiance en ma course. Je me suis donc dirigée vers le marathon, ai pris mon rythme très rapidement après seulement 3 kilomètres et j'ai commencé à me sentir mieux; le truc qui m'est venu à l'esprit est que j'étais en train de gagner le temps que j'avais perdu à vélo. Le ciel était couvert et c'était très humide et chaud; j'essayais de me concentrer sur ce qu'il me fallait à chaque ravitaillement. Je redoutais de me retrouver dans la plus méchante ascension du marathon, à Palani, mais j'étais à ce moment-là beaucoup mieux que l'an passé. Une fois dans Energy Lab je n'avais perdu que quelques secondes sur Lisa Bentley, connue pour ses grandes qualités à pied. Aussi j'ai décidé qu'un petit détour rapide aux toilettes serait Ok. Je me sentais alors beaucoup mieux et même si j'avais perdu 30 secondes je pensais que c'était le choix le plus sage. A la fin d'Energy Lab j'avais environ 8'30" d'avance et j'ai alors décidé de ne pas faire quelque chose de stupide et de ralentir un petit peu. Je ne voulais pas qu'il arrive quoi que ce soit ou que je me fasse passer durant les derniers instants de la course.
Descendre Palani fut beaucoup plus douloureux que de monter. Mes quadriceps me criaient d'arrêter mais je savais qu'une fois atteint le bas de la côte j'avais une longue section plate et seulement une petite ascension, puis ensuite la longue ligne droite d'Alii Drive vers l'arrivée. J'essayais de ne pas penser que j'étais en mesure de gagner. Mais une fois que j'avais atteint Alii Drive, ces pensées de gagner l'Ironman se répétaient dans ma tête. WOW quelle foule me criant ses encouragements… tellement fort que je ne pouvais plus entendre mes propres pensées. A chaque foulée mon sourire se faisait de plus en plus large et j'ai même commencé à pleurer. C'était incroyable ! Je ne pensais pas faire un jour un Ironman et n'ai certainement jamais pensé gagner l'Ironman World Championships. Maintenant je l'ai fait. Je sais pourquoi des athlètes veulent faire de l'Ironman leur spécialité, pour venir un jour à Hawaii. Laissez-moi vous dire que rien ne peut être comparé avec la ligne droite d'Alii Drive menant à la ligne d'arrivée.

Oui, j'ai crié lors du passage de la ligne, comme l'ont fait mon mari Pete, et Paula, sans qui je ne serais jamais arrivée là où j'en suis maintenant, mais aussi ma sœur jumelle Gabby, Ryan, mon partenaire d'entraînement durant de longues années auquel sa femme a offert un billet d'avion pour Hawaii afin de venir me voir courir, Kristen qui a dessiné mes tenues, mon professeur d'université John White qui m'a encouragée à faire mon premier triathlon, Richard de 2XU qui a été mon partenaire d'entraînement lors de ma préparation à l'Ironman, Duke et tant d'autres. Nous avons tous besoin d'un paquet de mouchoirs en papier !
Alors comment ça va ? Unreal Banana Peel !:) Vivez vos rêves.

MJ

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Ahhh merdouille !! encore un blog à la con: www.bilbo-wheel.over-blog.com