EXPLICATION TECHNIQUE !
(un aspect du jeu des Bleus qui n'a pas pu laisser insensible notre HUBERT, ancien flanker...
)
DANS "LE MONDE" aujourd'hui :
La défense française avait mis au point un type spécial de plaquages
Les experts dépêchés à Cardiff par l'International Rugby Board ont curieusement désigné le Néo-Zélandais Luke McAlister comme "homme du match" après la victoire choc du XV de France sur les All Blacks (20-18), samedi 6 octobre au Millenium Stadium. Le trois-quart centre néo-zélandais a certes créé d'immenses brèches dans la défense française en première mi-temps, mais ces experts auraient peut-être été mieux inspirés en choisissant le troisième-ligne français Thierry Dusautoir.
Auteur de l'essai qui a relancé les Bleus dans le match (54e), le flanker du Stade toulousain a également été le meilleur défenseur de ce match gagné par les Bleus à la sueur de leurs plaquages : dans cette débauche de combat que fut ce quart de finale, Thierry Dusautoir a infligé 28 plaquages à lui tout seul, sur les 197 tentés par les Français (pour 178 de réussis), soit plus de la moitié du total des plaquages tentés par les All Blacks (47).
Un homme, dans l'ombre du XV de France, a dû particulièrement savourer ces statistiques incroyables : David Ellis, le discret mais très influent spécialiste de la défense dans l'encadrement des Bleus. Depuis son arrivée auprès de Bernard Laporte, en octobre 2000, cet Anglais qui a grandi sur les terrains de rugby à XIII et dans les mines du Yorkshire, s'est attaché à reprendre à la base le travail défensif des joueurs français. Première chose, il leur a enseigné l'art du plaquage, tel qu'il l'avait appris dans le rugby à XIII. Le travail a porté ses fruits si l'on en juge par le nombre record de plaquages infligé par les Français samedi à Cardiff. "Le XV de France est une équipe qui plaque toujours beaucoup et très bien", commente modestement David Ellis.
Avant d'affronter les All Blacks, il avait fait travailler aux joueurs français un point très précis, nourri par ses observations :
"Les All Blacks sont la meilleure équipe du monde pour passer la balle dans le mouvement après un contact ou un plaquage, explique-t-il. D'habitude, nous plaquons le joueur adverse aux jambes pour l'amener au sol. Mais le problème avec les All Blacks, c'est qu'ils arrivent à libérer la balle dans le mouvement. Notre objectif a donc été de faire en sorte qu'ils ne puissent pas passer la balle lors du contact. Nous avons donc cherché à plaquer plus haut que les jambes, pour que le premier plaqueur puisse bloquer la balle. Et si l'on n'arrivait pas à bloquer le ballon, alors au moins bloquer un bras pour que la passe soit difficile pour l'adversaire. Du coup se créait un regroupement, ce qui ralentissait le jeu des All Blacks."
Toute la semaine précédant le match, les Français ont travaillé cet aspect technique à l'abri des regards. Pour David Ellis, le fait de n'avoir disposé que d'une semaine pour se préparer à cette "nouvelle manière d'envisager le plaquage" expliquerait les quelques ratés de la première mi-temps. Par la suite, les choses se sont considérablement améliorées.
Et l'une des images du match restera ce sauvetage désespéré de Jean-Baptiste Elissalde, accroché sur quelques mètres au maillot d'un attaquant néo-zélandais, avant de lui plonger dans les chevilles pour le faire chuter et empêcher un essai quasi certain. Pas vraiment un plaquage d'école, mais un symbole de l'acharnement des Bleus.
Eric Collier et Bertrand D'Armagnac
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