Pour en revenir à Monsieur PICHE et aux triathlètes et amoureux de l'effort extrême en général :
Pourquoi cet amour grandissant en chacun de nous et en chacun de plus en plus de monde pour ces types d'efforts violents, extrêmes, durables, longs ?
Quand je dis raisons historiques, donc sociologiques, politiques et philosophiques, (effectivement, tout est lié), je pense d'abord aux hommes et au travail. Dans les sociétés occidentales, le travail se tertiarise sans cesse davantage depuis la seconde guerre, de moins en moins de travaux physiques, de moins en moins de paysans-agriculteurs, de moins en moins d'ouvriers remplacés par des machines ou des chinois, de moins en moins de population rurale... Et de plus en plus d'emplois de bureau. Comment prouver sa valeur physique si on ne peut plus le faire par le travail ? Se prouver sa valeur, à soi et aux autres bien sûr, à son entourage. Qui n'a pas rêvé secrètement ou ouvertement de susciter l'admiration ? C'est se qui se passe généralement quand on dit à quelqu'un : "Je fais du triathlon." Réponse :"Ouaaah ! Dis-donc !" N'est-il pas ?
Admiration et interrogations qu'il ne tient qu'à chacun de tempérer ou d'amplifier.
Mais alors, pour qui à un travail physique, qu'a-t-il a prouver me direz-vous ? Les sports extrêmes font aussi partie des loisirs, cet aspect n'est pas à nier, il y a un côté social évident, retrouver un ensemble de personnes ayant un intérêt commun est plaisant, ceci n'exclut donc pas des sports extrêmes ceux qui exercent un boulôt physiquement ereintant.
Je pense également à un aspect plus historique : 64 ans sans guerre, et je pense toujours aux hommes, 64 ans sans pouvoir prouver leur valeur au front. La fierté du combattant qui a défendu son pays, ça n'est plus possible... Bon, on se calme, je n'encourage rien, j'élabore des hypothèse pour comprendre.
Je pense parallèlement à une recherche que j'avais faite un jour sur les endorphines : nous les sécrétons en de multiples occasions, parmi lesquelles l'effort sportif (douleur volontaire), la douleur involontaire (les endorphines ont un effet anésthésiant) : on a vu (enfin pas moi) des combattants au front, continuer à combattre malgré la perte d'un bras ou une blessure lourde, les endorphines anésthésiant quasi totalement le blessé, le rendant totalement euphorique... Bon, pas question de se couper un bras pour se faire un bon temps sur marathon mais qui n'a pas ressenti cette euphorie d'après effort ? C'est bon non ? Et ça rend dépendant en plus... Le sport extrême n'est-il pas le dernier moyen de l'homme occidental de ressentir cela ?
Autre comparaison entre le sport et la guerre : le vocabulaire, lisez les articles de l'Equipe (journal de m... s'il en est mais ce n'est que mon avis) et fluottez toutes les expressions et métaphores guerrières.
Ca fout la trouille. Lisez la signature de Piépié : "
2009 : Ca va ch... Colonel". Elle est sympa ta signature Piépié mais elle illustre parfaitement mon propos. Après, on dit que le sport véhicule tout un tas de valeurs contradictoires et c'est là que le politique intervient, les valeurs sportives sont contradictoires parce que le sport est éminemment politique et que nous ne sommes évidemment pas tous d'accord sur les valeurs qu'il doit véhiculer. Si nous sommes de plain pied dans la civilisation des loisirs avec recherche d'épanouissement personnel, bien-être, camaraderie, entraide, nous sommes aussi dans une civilisation élitiste : la compétition, la gagne, la performance, et tout cela s'entrechoque parfois au sein même d'un club de triathlon, si modeste soit-il, au sein même de sa propre personne, si modeste soit-elle.
Je pense enfin aux femmes, j'y pensais d'abord mais historiquement et sociologiquement, j'y pense enfin. Il y a eu la révolution sexuelle, la libération (partielle) de la femme, l'augmentation du taux de professionnalisation des femmes... Et depuis des années, la parité, l'égalité et toutes ces questions de société récurrentes qui font tant débat et ce dans tous les pays où les femmes subissent plus ou moins les effets des disparités de traitement. Bref, il paraît comme normal qu'en France, au sein de certaines CSP, les femmes s'intéressent de plus en plus aux sports extrêmes, il paraît évident que cette part ne fasse qu'augmenter pour atteindre peut-être un jour une relative parité. Perso, ça me fait plaisir.
Bon voilà quoi. Ce sont des réflexions comme-ci, comme-ça, j'essaie de comprendre pourquoi. Pourquoi plus j'ai mal, plus j'suis content et plus je suis fier de porter le tee-shirt du club mentionnant "Sport de con".
Parce que comme chacun, je crois, j'ai des choses à prouver, d'autres à ressentir, d'autres à partager...