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Cyrille alias Istartenager, vient de franchir la ligne d'arrivée des 100 kms de millau. Il est arrivé sous la barre des 10 heures.
En effet j'ai franchi la ligne sous les 10h00 mais vraiment juste dessous, puisque j'ai réalisé le chrono de 9h59'14". En fait j'ai pris le départ pour une seule chose, passer sous les 10h00 puisque en 2003 j'avais réalisé le chrono de 10h22'38".
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Pour un gars qui était pas sûr de le faire il y a encore quelques jours, c'est quand même pas mal !!!
C'est bien vrai, mercredi je n'étais pas encore sur de prendre le départ. Je n'ai pas tout à fait récupéré d'Embrun et je n'ai fait aucune préparation spécifique en course à pied. Mais vu tout ce que j'avais accompli pour Embrun je me suis dit qu'il y avait peut-être quelque chose à tenter. Je ne suis pas déçu, même si ce fut très très dur !!!
Voici un petit compte rendu de ma course.
Vendredi 13h30, départ pour MILLAU avec mon suiveur "Fabrice". 17h30 arrivée à MILLAU. Nous filons de suite aux inscriptions. Dans la foulée direction le camping pour planter la tente et commencer de préparer mes affaires. Vers 19h00 nous repartons vers le centre ville ou nous trouvons un petit resto pizzéria qui nous propose des menus spécial 100 km. 21h00 retour au camping et à 22h00 extinction des feux pour un gros dodo !!!
Samedi 6h00, réveil et grosse surprise, des gouttes tombent sur la tente. Je ne comprends pas, la météo avait annoncé beau temps. dès le lever du jour les nuages ont disparu pour faire place à un beau ciel bleu.
Petit-déjeuner classique, gâteau de riz, gatosport et café.
7h30 départ pour le parc de la victoire, lieu de l'arrivée. Fabrice prépare le vélo et le ravito. Ensuite je lui explique la façon de procéder pour me ravitailler. En fait il sait qu'il vient à MILLAU depuis jeudi soir. Je devais le faire seul car n'étant pas dans une grande forme je ne voulais pas le trainer dans une grosse galère. Il a insisté, j'ai craqué et je ne le regrette pas puisque je lui dois mon chrono de moins de 10h00.
9h30 je me dirige vers le départ, fabrice rejoint le 7ème kilomètre, lieu de retrouvaille coureurs-suiveurs.
10h00 départ. Je prends un départ très prudent car je sais que la journée va être très longue. Les premiers kilomètres se passe bien malgré des jambes très lourdes. Ceci est normal. Passage au 5ème km en 28' en ayant fait un arrêt pipi de 45".
7ème km je retrouve Fabrice et désormais on ne se quittera plus. Passage au 10ème kilomètre en 55'. Les jambes se délient un peu mais mon ventre commence à me faire souffrir. Cela m'inquiète un peu car il commence à faire chaud et si je commence à me vider je ne vais pas aller bien loin.
20ème km, je préviens Fabrice que je vais devoir m'arrêter pour me soulager car j'ai vraiment mal. Je regarde sur les bas côtés pour repérer un petit coin tranquille.
21ème km, nous passons devant un petit resto dont le patron se trouve dehors. Je lui demande si je peux me servir des toilettes et très gentiment il accepte. Je constate que j'ai une bonne courante. Je repars après un arrêt de 3'. Je demande à Fabrice de me trouver de l'imodium ou l'équivalent. Il revient avec du smecta, que je m'empresse d'avaler. Ce sera la fin des mes ennuis de courante.
Soulagé de mes douleurs abdominales, j'enchaîne les kilomètres sans varier mon allure. Les jambes vont pas mal.
MILLAU, km 42,195 : 3h55'. J'ai 18' d'avance sur le chrono de 10h00. C'est beaucoup mais en même temps très peu, car c'est maintenant que la course commence vraiment avec une succession de côtes et de descente interminables. Depuis le 40ème kilomètre je commence à souffrir des quadriceps. Le manque de séances en course à pied se fait ressentir musculairement.
CRESSELS et la fameuse côte du viaduc. La côte fait vraiment très mal mais j'avance quand même pas trop mal. Je fait des petites halte en marchant pour permettre à la pompe de redescendre un peu. Arrive le sommet et la redescente qui me fait terriblement mal aux jambes. Maintenant j'ai 10 km de plat avant d'arriver à la côte de TIERGUE. Terrible la côte de TIERGUE, 4,3 km à 4,3%. Les kilomètres défilent, et mes quadriceps sont désormais complètement explosé. J'ai les pieds qui tapent de plus en plus et à chaque pas j'ai l'impression que mes cuisses vont explosées.
Mon avance de 18' au marathon s'effrite petit à petit. Au 65ème kilomètre je n'ai plus que 7' d'avance. Moralement c'est très dur car je me dis que je ne serais pas sous les dix heures. Fabrice m'encourage, me force à allonger le fouléé quand il sent que je me laisse aller. A ce moment de la course je suis en train de sombrer et s'il n'était pas là je me laisserais "mourir". J'entame le descente sur SAINT-AFFRIQUE et je commence à souffrir du ventre mais pas comme au départ. Là ce sont simplement les chocs qui me font souffrir. J'ai l'estomac retourné. Le bon côté c'est que seul les descente me font souffrir au niveau du ventre.
71ème kilomètre et le fameux demi tour à SAINT-AFFRIQUE. J'ai réussi à garder mes 7' d'avance. Maintenant c'est le retour vers MILLAU. En sortant de SAINT-AFFRIQUE encore une côte d'environ 4 kilomètres qui commence très très fort. Je suis en train de m'éteindre tout doucement.
80ème km : je passe en 7h58'30", je n'ai plus qu'1'30" d'avance et il me reste 20 bornes. C'est la que je retrouve CYRIL BERAUD qui accompagne son épouse en vélo. Il fait demi-tour et m'encourage quelques instants. MERCI CYRIL.
Maintenant je suis mort et c'est la tête qui doit prendre le relais et me faire finir. Je ne suis pas très bien et je ne pense qu'au chrono mais pas de façon positive puisque je suis en train de me résigner et je me dis que tant pis l'essentiel est de passer la ligne d'arrivée.
85ème km : je passe en 8h59'30", je n'ai plus que 30" d'avance.
90ème km : je passe en 9h00'. Il faut que je fasse les dix derniers kilomètres en 1heure. IMPOSSIBLE !!! j'ai la côte de CRESSELS qui est longue et dure. Et là je craque, je marche, je n'en peux plus. Fabrice me dit que c'est possible, que je peux passer sous les 10h00. Et moi je lui réponds que non, pour moi c'est fini. La tête ne suis plus, j'ai craqué !!!
95ème km : je passe en 9h34'. Il me faut désormais courir à 12 km/h minimum pour espérer réaliser ce pour quoi je suis venu. En sachant que le final est dur car ce sont des faux plats montants qui au bout de 95 bornes font mal. Et là le mental revient, je me dis que c'est trop bête si près du but et en aucun cas je veux échouer à quelques minutes. J'accélère. J'ai mal très très mal. Les jambes, le ventre, même les poumons sont douloureux à chaque inspiration. J'essaie de bien doser mon effort pour durer les 5 kilomètres qui me reste.
96ème km : je passe en 9h39'30", Fabrice me pousse comme jamais. J'accélère encore, il me donne ma vitesse instantanée très souvent pour me motiver. Je fais des pointes à plus de 13 km/h.
97ème km : je grignotte encore quelques secondes, c'est bon signe. Je ne relache pas mon effort même si c'est vraiment très dur. Je suis surpris de pouvoir fournir un tel effort après 9h30' de course.
98ème km : je passe en 9h48' et des brouettes. Là je me dit que je vais peut-être réussir.
99ème km : je passe en 9h54'. Des spectateurs me disent que c'est bon, ce sera moins de 10h00. Je rentre dans le parc de la victoire, il me reste les 400 mètres de faux plat montant avant de rentrer dans le gymnase. Je me retourne vers fabrice lui tend la main en signe de remerciement pour tout ce qu'il a fait pour moi, j'arrange ma tenue pour la photo, vérifie une dernière fois le chrono pour ne pas me faire pièger 9h58'30". Je rentre dans le gymnase, le poing levé et je marche pour rejoindre l'estrade qui symbolise la ligne. Le speaker annonce 9h59'14". Je suis aux anges. Je file m'écrouler sur une chaise pour récupérer. Je suis à bout de souffle. Il me faudra bien 10 minutes pour retrouver tous mes esprits.
Je termine autour de la cinquantième place pour environ 1200 partants.
Cette course est vraiment magique.