Bon allez, je trouve enfin le temps de vous pondre le mien...j'avais un peu de temps juste après le retour, mais je n'avais pas envie tout de suite, j'étais trop dans le dur avec mes jambes
Laissez moi vous conter l'histoire de la course parfaite...là plus parfaite qu'il me soit donné d'avoir vécu dans ma très courte carrière de triathlète
L'avant avant course :La décision de cet IM remonte à un an, époque bénie des dieux...où je passais mon temps à m'entrainer et à tabasser avec mes Rillettes préférées, et où j'ai vite compris que mes seules chances de bien figurer sur un triathlon étaient de bouffer du long, étant donné mon corps de diesel sans turbo à bonne cylindrée mais très économe
Sous l'impulsion et le chambrage d'un Duck, d'un Samsam, d'un Laurent et j'en passe suite à mes "perfs" sur half IM, je me retrouve donc à 25 ans sur cette foutue aventure de taré...
Je vous passe les détails d'inquiétude, de folie de toute la famille, l'incrédulité des amis...bref...tout ça quoi...
Seulement en un an, il s'en passe des choses...déménagement, changement de taff, et surtout doublement des heures de boulot, mononucléose...bref...je vais endosser mon rôle favori de comédienne à l'intox, mais...si cette course a été parfaite, c'est aussi grâce à la préparation pourrie qui la précédait!!
L'avant-course : Bref...passons à Klag...Après le trajet mouvementé et ultra fatiguant...on arrive dans le cadre féérique de l'Autriche, (imaginez la féérie d'un lac plus beau qu'Annecy plus ouvert, moins encaissé
et encore plus riche!)et son zouper camping Reichmann, et son Herr Gunther que je salue
Déjà le bonheur de retrouver tous les copains, de se marrer comme un tordu, bref une bouffée d'oxygène maximale avec le seul regret de ne pas avoir pu passer une semaine avec ma piépiette là bas...on se l'était juré
L'avant course a été pour moi horrible, partagé entre beaucoup de fatigue, réveillé par la chaleur à 6h30 (les bonheurs du camping)...les aller retour incessants entre la "planète" Ironman", la saturation d'entrainement, la peur de ne pas pouvoir attaquer le marathon, la peur tout court...
Heureusement que Laurent Karine, Duck, VB, bref les vieux briscards que j'ai du saouler quelque peu sont là...
Bref arrive ce matin...ce matin ou vous vous préparez à l'inconnu, à la souffrance absolue, ou on prépare sa tête et son corps à en prendre plus qu'ils ne pourrait...j'ai adoré ces moments de stress, d'appréhension, de concentration...
THE race:
La course parfaite a commencé pour moi par un moment de concentration comme jamais pour moi. Tellement de choses étaient prévues pour que je foire ma course, que j'ai eu besoin de ça pour ne pas tout foirer...
La nat'...le début m'a fait flipper, beaucoup de coups, pas facile de doubler...La t° était idéale, fabuleuse, l'eau, magnifique...
Au bout d'un quart d'heure, je me place en mode diesel...pense bien à mes mouvements...tout va bien...et bizarrement, je commence déjà à prendre du plaisir...je me sens bien, super bien...et je pense que ca a été là le déclic...prendre un max de plaisir, se détendre..c'est ce qu'il me restera pendant les 10h de course restantes...
Le canal arrive, on commence à entrevoir l'appui MONSTRUEUX du public!!!
Je ne ressens aucune lassitude, aucune gêne...bref...c'est génial...Je me fais doubler par 2-3 torpilles dans le canal...j'attends même pas la sortie impatiemment, tellement j'ai envie de profiter!
Je sors: 1h02, nickel, c'est ce que j'avais prévu...la transition se passe nickel, je me force à tout vérifier 2 fois pour ne rien oublier...ce serait trop con cette fois!petit arrêt pipi, qui permet au Duck de passer...
Le parc à vélo est presque plein, ca fait plaisir...et c'est parti...sur la même euphorie!
Le vélo part vite, très vite...trop vite??? en tout cas pour moi: au bout de 200m/180 000 j'aperçois le Duck juste devant...je force un poil pour le rattraper... et là c'est parti pour un bon quart d'heure de délire...nous dissertons sur les pieds paquets, les oeufs d'autruche ou encore matame Bou...
on ne se quittera pas jusqu'au 30ème (en tout bien tout honneur, à 1m d'écart en latéral)
au 35ème, 38km/h de moyenne, la ca flippe en se demandant quand ca va s'arrêter... ca s'arrête sur un beau raidar de 1km à 10%, bien dur , le premier test du parcours...pour une fois, moi qui mouline énormément, j'avais emmené du braquet, et je sens que je suis en dessous de la cadence habituelle, mais les sensations compensent largement...le public aussi...on fend littéralement la foule les 100derniers mètres! les vuvuzélas, les crécelles, les gamins...é-nor-me!!Je m'arrêtte au seul ravitos du parcours pour faire le plein total de barres, bananes...après avoir mangé mon sandwich jambon-fromage!!!
Tout au long du parcours, je me retrouve entouré de machines de guerre les vélos de James Bond...mais je suis bien, je les suis sur le plat, et je les dépose dans les montées ou ils sont scotchés...ils tirent vraiment des braquets de fou furieux...
Et toujours ce public excellent, j'insiste, mais ca m'a fait un bien fou, je tape dans toutes les mains que je trouve, la banane aux lèvres,
des montées avec des DJ, la sono...etc..
Le parcours est superbe...pour costauds, ça tombe bien, aujourd'hui, j'ai retrouvé mes jambes de 20ans
et je relance , comme si j'avais que 40bornes à faire...en fait je me suis dit que ca ne servait à rien de se freiner, que j'aurai bien le temps de galérer quand le temps sera venu...
Premier tour à 35 de moyenne!!! inespéré...ca ma fait peur, j'ai calmé sur la moitié du 2ème tour...et puis merde!!! je suis bien...j'allume et puis c'est tout...
Le Duck qui était dans ma roue au demi tour, parait un peu plus loin...se pose maintenant la question du marathon...j'ai bien fait le malin sur le vélo...maintenant je vais payer la note
Après un bon petit orage qui fait flipper...vent...foudre...trempé jusqu'au os en 10minutes...j'arrive en me faisant pas mal doubler au parc à vélo...
87 de cadence moyenne, 34km/h...métronome...excellent!!
Plus trop lucide, mais toujours aussi heureux, j'aperçois sur le chrono : 6h20!!! et là je commence à faire mes calculs...Putain...même le marathon en plus de 4h40 je suis en 11h..
Déjà rien que là c'est gagné!! 12h j'aurais été le plus heureux au vu de la préparation...mais là, ca m'a enlevé toute pression...
Moment fatidique du poser de vélo...là, on rigole plus...on est sur Ironman, on fait la descente à la pro, avec les chaussures sur le vélo..faut pas déconner
et là
Surprise du chef...ca coure tout seul...j'ai l'impression d'avoir rien fait
CAP:En me changeant je me dis que c'est LE jour...que j'ai un bol fou...qu'il y en a un par an, et que c'est tombé aujourd'hui Alléluia!!!
Je pars avec le GPS pour cette fois, et je commence à m'y coller...nettement plus concentré que sur le vélo...visage fermé...je sais que ca va être dur...2ème surprise du chef: ah oui!! tiens? c'est vrai que j'avais mal à la jambe jusqu'à la veille j'ai fait du Compex pour faire partir cette foutue douleur et là? peanuts!!! rien!!! nada!!! ca galope avec le pas léger: 12.5km/h
Je me rappelle des conseils de Laurent qui me disait que si ca trottine ça passera...au bout de 10km sans souffrance, je me prends à rêver d'un marathon à la Fabrice la semaine dernière
Le semi passe en 1h45!! Le public est là, la chaleur me gêne pas...le cardio ne bouge pas d'un iota : 148...la vitesse non plus...la machine est bien réglée : 1verre d'isotonique, et 1 verre de coca par ravito... 1 gel par heure...une éponge à chaque fois...Dans Klag, le public est encore plus présnet et c'est toujours aussi bon!!!Je croise le Duck qui est encre à peu près à distance, et là je me dis: ok le temps c'est gagné...la course, je la finirais avec les dents si il le faut...pourquoi pas essayer de taper le Mark Allen du club
L'idée fait en fait son chemin depuis le vélo, mais j'ai observé qu'en vieux briscard, il me garde toujours à portée de fusil
Saligaud!!!
Et le coup de fusil arrive à 29km...ah!!! ce fabuleux mur du 30ème...bon ben ça y est je pourrai dire que je sais ce que c'est...en même temps ma sortie la plus longue a été de 1h15...on a rien sans rien
(après 1h15 j'avais des énormes pbs...gastriques!!!et là rien, mais j'en suis plus à une surprise près)
Entre le 29ème et le 35ème je rentre "enfin" dans la souffrance à laquelle je m'attendais depuis le début je amarche beaucoup alors que je m'étais juré de ne pas le faire...des pognards dans les hanches...ca y est, je paie la note...Arrivée au dernier demi tour, je trottine bas...et là...l'horreur absolue...le Duck revenu à 2minutes
j'avais complètement oublié, perdu dans la douleur...
Et là...l'illogisme à son paroxysme, je pensais avoir mal...je me remets à courir comme un maboul!! sachant le finish de tueur du canard sur ce genre de course
Comme quoi quand y'en a plus, y'en a encore!!! 11, 12, 13.5 à l'heure!!
Je vais pas me faire fumer à 1m du bol de sangria!!
Ca y'est le rythme je l'ai, le rythme cardiaque monte bien plus fort...les kms défilent beaucoup plus vite...c'est gagné, je le sais, je le sens...L'émotion commence à me transporter...42ème...il reste 300m...profiter...profiter jusqu'à la dernière goutte!!!
Ca y est je la vois cette putain d'arche...je commence à distinguer le temps, 10h20...j'en reste scotché...le speaker qui braille à l'arrivée...le public...ca y est Ironman...tout ressort d'un coup, les larmes de joie...pas d'avoir fini...d'avoir retrouvé enfin, au jour J toutes les sensations qui m'avaient quittées depuis un an!!C'est fabuleux!!!J'attends le Duck en pleurant comme un grand gamin que je suis...je veux le serrer dans les bras, pour le remercier de m'avoir fait sortir les tripes jusqu'au bout...je me rends compte à quel point c'était important de retrouver enfin ces sensations de bien être pendant l'effort...
En lisant ce long pavé
...cela doit transpirer de facilité...le problème...c'est que pour ma part...ben ça a bien été ça...une facilité qui m'a déconcerté...pendant les 8 premières heures...en fait j'ai l'impression d'avoir "mérité" cet Ironman pendant 1h20 : du 27ème au 42ème km du marathon!!!
C'est difficile à décrire, je ne veux aucunement paraitre arrogant, ou prétentieux...mais ca m'a fait beaucoup réfléchir...on va se reposer...se repréparer...et aller désormais placer la barre plus haut...gentiment...avec une "vraie" préparation
L'après course a été juste du bonheur...les retrouvailles avec tout le monde, les échanges, le sourire malgré les douleurs!
Pour ma part, l'enfer a été aussi le lendemain...ceux qui m'ont vu pendant le voyage peuvent en témoigner
merci à toutes les rillettes pour ces moments de bonheur...j'aurais voulu que ca dure encore plus longtemps...Je ne veux pas d'autres "famille" sportive...c'est super...ne changez rien, j'essaierai de vous revoir bien vite
Le triathlon...c'est comme l'amour...plus c'est long...
Je finirai cette phrase sur mon prochain Ironman