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La mort tragique d’un piéton rattrape le Triathlon de Genève
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Fait divers - Police et organisateurs sont toujours à la recherche du coureur impliqué dans l’accident.
Thierry Mertenat
Publié le 16 septembre 2005
Un appel à témoins par voie de presse au lendemain de la course, suivi deux semaines plus tard d'un avis mortuaire. Le Triathlon international de Genève prolonge malgré lui sa dernière édition dans la colonne des faits divers.
Triathlon international de Genève - © Georges Cabrera
L'accident impliquant un coureur et un spectateur dimanche 28 août vient de connaître un dénouement tragique. Le piéton, percuté de plein fouet par un triathlète, n'a pas survécu à ses graves blessures. Il est décédé le 9 septembre à l'hôpital.
L'information a été donnée hier par la police genevoise, assortie d'une nouvelle recherche de témoins (tél. 022/307 91 11). Car vingt jours après l'accident, le coureur ne s'est toujours pas manifesté. Il est 15 h 20, cette veille de rentrée scolaire, lorsqu'il aborde à pleine vitesse le quai Wilson en débouchant de l'avenue de France. «A cet endroit-là, ça roule à plus de 50 km/h», assure un concurrent, passé peu de temps après.
Deux bénévoles pour gérer le flux
L'endroit est névralgique. Depuis le matin et le passage des différentes catégories, les commissaires de course sont sur la brèche. Ils sont deux jeunes bénévoles à gérer le flux des promeneurs du dimanche qui, venant des Pâquis, rejoignent les bords du lac.
Certains s'impatientent et ne comprennent pas pourquoi ils doivent attendre avant d'emprunter le passage piétons qui leur est familier. Il faut contenir les traversées intempestives, les mauvaises humeurs et les risques permanents de collision.
«Le climat était tendu, raconte cette spectatrice. J'ai dit aux amis qui m'accompagnaient qu'un événement dramatique allait se produire avant la fin de la course.» Inquiétude prémonitoire. Un couple de personnes âgées revient de sa sortie dominicale et s'engage sur la chaussée. Ils ont respectivement 78 et 88 ans et une démarche qui n'est pas celle d'un coureur à pied. L'aîné n'a pas le temps de rejoindre le trottoir en face quand surgit un cycliste, le nez dans sa roue, les yeux sur le chronomètre. Le choc est terrible: deux corps se retrouvent projetés au sol. L'un y restera longuement, le visage en sang, le crâne fracassé; l'autre se relève, remet son guidon droit et file en danseuse vers la ligne d'arrivée, distante d'environ 300 mètres, sans se retourner. Le reste est affaire de transport sanitaire, d'urgence médicale, mais surtout d'incompréhension devant le comportement ultérieur de cet amateur élite dont on ignore encore aujourd'hui s'il a terminé l'épreuve et sous quel nom.
«J'ai adressé un mail aux 137 participants qui ont franchi le tapis de chronométrage dans les minutes qui ont suivi l'accident», déclare Baudoin Dunand, le président du Triathlon international de Genève. «J'ai reçu onze réponses en retour», précise-t-il, tout en ajoutant: «Il faut savoir que nombre d'inscrits viennent de l'étranger, d'un peu partout en Europe et même d'Australie.»
Soit, mais les deux semaines écoulées devraient quand même permettre de retrouver ce dossard inconnu, même si on ne peut lui imputer un délit de fuite, la compétition se déroulant le long d'un parcours cycliste fermé, conçu et dessiné d'ailleurs en étroite collaboration avec la police.
Existe-t-il alors une forme d'omerta sportive, visant à garder pour soi des renseignements utiles sur l'identité d'un frère d'effort qui a nagé, pédalé et couru pendant plus de deux heures au bord du lac avant de disparaître sans laisser d'adresse? Dans les rangs des coureurs, on n'imagine pas un seul instant, et sans doute à raison, cette hypothèse accablante.