Bon, pour Ben, un petit rapport de notre réco avec Pierrot Dimanche ...
Pierrot me sauve d'une réco en solitaire. Je suis ravi, voire honoré d'emmener un ancien du club, 14 ans de bons et loyaux service dans le Régiment des Tamaloos ... une espèce de garde suisse au service de sa majesté Duck 1er ... respect
presque un pépé du triathlon
La journée a été longue mais on va essayer de faire vite ... néanmoins sublime en paysages et très chaude ... enfin, Pépé sans viagra, c'est plus compliqué, mais je parlais de température extérieure
On décide de se garer dans la station. Comme ça, on pourra finir par une petite cap pour travailler la transition
qu'est-ce qu'on peut être naïf
Descente vers le lac de Verney ... rien à dire ... Pépère devant dans sa chaise roulante
Au barrage, direction Séchillienne avec 26km de faux plat descendant ... c'est long ... surtout avec le vent de face ... faut-il appuyer ou pas ? compliqué ... Pépère accroché derrière
Col du Grand Serre. C'est long aussi. Mais à l'ombre, régulier, pas trop dur. Pas mécontent d'arriver en haut quand même
Bon, faut attendre Pépé ... je m'alimente
, je me lamente
vive la rilliette démente
Voilà Pépé
et à cet âge-là, ça casse, un col ...
celui du fémur est célèbre, celui de la Morte rend veuf ... et un peu moins vif
On descend dans la superbe vallée du Valbonnais
A cet âge-là, on est plus esthète que triathlète ... il admire, je roule ... bref, j'attends à nouveau ma ravie à Valbonnais
on décide alors une stratégie en deux temps, l'avant-garde pour moi, l'arrière garde pour Pépére
Il nous reste 2 cols, celui qui dit Ornon, et les 21 sourires ... narquois
Ornon est une poupée qui dit non non non non non non ...
Non pas des S comme l'Alpe d'Huez, mais des Z avec des lignes droites qui n'en finissent pas, sous la cagnard ... tu ne sais plus si ça monte vraiment ... mais c'est long et pénible ...
Pas mécontent d'arriver en haut, pas forcément bien, sans savoir si c'est la chaleur ou la fatigue ... Déjà plusieurs heures sur le vélo alors qu'on a l'impression qu'on vient à peine de partir, juste passé 2 difficultés ... les pieds ont gonflé ... 10 ans de triathlon et toujours le même problème ... douleurs insupportables aux pieds après 4 heures de route par forte chaleur ... je m'arrête pour me masser le petons, comme d'habitude, comme à Nice, comme à Embrun, comme à Roth, comme souvent ... je me dis qu'enlever les chaussettes aiderait, mais, comme toujours, je ne le fais pas ... quand on est c... on est c... ou maso
Descente vers Bourg d'Oisans ... longue ... on se prépare aux 21 virages
Je décide de miser sur le plaisir
Je m'arrête au pied de l'ascension pour m'alimenter, boire, me masser les pieds ... tiens, je retire mes chaussettes
10 ans pour qu'une once de lucidité me traverse les quelques neurones actifs qui me restent ... je ne souffrirai pas des pieds dans l'ascension ... incroyable ... quand on est c... on est c...
Les 5 premiers virages sont les plus durs, j'attaque donc le début de l'ascension à fond, en enregistrant mon chrono de départ, j'ai encore de l'ambition
... La Garde arrive plus vite que prévu ... Je croise la terrasse du bar ... je me dis que remplir mes gourdes ne serait pas inutile ... une demi gourde sous cette chaleur, c'est suicidaire ... mais La Garde meurt et ne se rend pas ... Water low ... tout est dans le double mot ... je fonce inconsciemment vers la déroute ... moteur en surchauffe, radiateur asséché ... je coule une durite peu après la Garde
Je m'arrête à la première fontaine et dispute l'eau fraîche à un britannique tout aussi assoiffé que moi
je me rafraîchis mais je n'ai plus d'eau potable
je me traîne de virage en virage, dans lesquels je m'arrête souvent pour tenter de récupérer une forme de dignité toute illusoire
Je retrouve le même britannique échoué sur le bord de la route, au bord de l'abandon ... me voilà bandit de grand chemin, je m'arrête, je m'apitoie sur son sort, mais en réalité, je lorgne sur ses gourdes encore à moitié pleine
Je n'aurai pas besoin de l'achever, il me donnera de bonne grâce quelques gorgées
ça me permet de survivre encore 2-3 virages ...
je m'arrête au niveau du cimetière d'Huez ... à la ramasse totale ... 5mn avachi sur mon guidon ... pas le choix ... la voiture est en haut ... faut monter ... je repars en zigzagant ... et je remarque au bout du virage une cahute avec WC et EAU POTABLE
Une apparition céleste
l'espoir renait ! Je remplis les gourdes, je me réhydrate, ça repart
pas longtemps
je dois à nouveau m'arrêter entre les virages 2 et 1 ... il reste peu ... mais je ne peut pas
Je me dis que je suis réhydraté mais peut-être aussi en hypo
une barre ... et ça repart
quand on est c... on est c ...
Bref, superbe chrono, 2 heures d'ascension pour rejoindre la voiture
Et mine de rien, Pépère est aussi dans l'ascension ... on échange nos sensations (quel mot !) à l'occasion de différents virages, chacun à une altitude différente ... c'est de la bonne
Diplomate, je demande à Pépère s'il veut finir ...
Du haut de sa grande sagesse ou du bas du 7ème virage, il préfère m'attendre et admirer le cimetière
ben ouais, celui des chiottes et de l'eau potable
après le col de la Morte, le col du cimetière
Bref, c'est le moment de tirer des conclusions
Splendide parcours, beaucoup plus exigeant qu'il n'y paraît, il faudra savoir se ménager, et profiter avec justesse des ravitos ... la course va être longue, très longue ... il va y avoir des rebondissements ... ça va être top ... vivement le 31 juillet
Et merci à Pierrot pour sa merveilleuse compagnie, on aura partagé une journée mémorable qui tisse ces liens inexplicables à quiconque n'a pas partagé ces moments intenses