Bon, je me lance à mon tour pour un topo sur cette belle journée du 19…. Vous allez voir, c’est très court…
C’est un collègue qui m’a donné envie de préparer à nouveau un marathon. On coure ensemble et on a aussi des souvenirs de courses en commun. J’ai toujours entendu parler de ce marathon atypique.
Plus rien à espérer côté chrono sur un parcours classique, c’était peut-être le moment de m’y coller. Et ça faisait un bail que je n’ai rien préparé « en vrai ». Quelques clichés sur internet, allez, ça l’air vraiment sympa, c’est décidé. Inscription. Construction du plan. Séances en commun avec Fred le collègue qui est en pleine bourre et ne cesse de progresser. C’est vraiment top pour les séances VMA qu’on peut faire ensemble. Tout ne peut pas être forcément casé tout le temps, et il faut composer avec les aléas de la vie, le taf, tout ce que tout le monde connait, ici. Mais ce que j’ai bien appris, expérimenté, c’est que malgré tout, il faut respecter le plan. Splitter, moduler, basculer, doubler, mais coller à l’idée du plan sur chaque semaine. La course à pied autorise ça. C’est carrément plus simple d’avoir toujours son short et ses baskets avec soi, que son vélo en bandoulière ou une piscine dans sa poche, non ? Donc pas d’excuse, et alors, c’est parti pour 2 mois de plaisirs variés. Bon, plaisirs dans mon cas… je dois avouer que c’est de plus en plus dur de s’y remettre. Plus long aussi, à retrouver une certaine aisance dans l’effort, à se sentir bien, à enregistrer quelque progrès. Aussi, quand ça arrive, alors : « aaahhhh …. » et le coup d’après on voit même ses allures augmentées un peu, on se sent capable de soutenir plus longtemps etc. Ca va mieux, quoi ! Et encore mieux après. Du coup, en tenant compte du profil, tout ça, premières estimations à 3h40. Par la suite, je me mettais à envisager 3h30. Et Garmin, super sympa, voyait bien 3h19 !
C’est avec Brouette que nous nous en sommes allés. Premier marathon pour lui mais pas première expérience sur l’effort dans la durée. Vu avec Rom à Toussieux, et Pou aussi (mais on s’était raté …), le garçon avait l’air bien frais après ces 18 bornes de chemins relativement roulantes, certes, mais avec quelques pièges gras au sol… et au final un temps super bien, ponctuant une semaine d’entrainement, en plus ! De quoi bien envisager le marathon. Idem pour Fred et moi ce jour-là, avec une ambition toutefois moindres… C’est vraiment super que Brouette ait pu passer me prendre. Déjà, j’étais obligé d’être à l’heure… Ensuite, sympa de discuter le bout de gras sur la route, et de ne pas trop penser en amont à la course. Oh, on joue pas sa vie, là, oh ! Sûr, mais il y a souvent ce petit truc qui fait perdre un peu les pédales, oublier des choses, etc dans ces moments-là. Un peu de speed, c’est bon. Trop, c’est vite la merdasse, les hormones mettent tout en branle là-dedans, le rythme cardiaque monte, on se déshydrate sans même bouger. Mais alors là, arrivés bien comme il faut pour prendre le bus de l’orga pour Fleurie, en retrouvant le pote Fred. Une place de choix : on trône tous les 3 en hauteur au fond du bus. Bon, c’est le matin et ça s’entend. Ou plutôt on n’entend pas. Pas les classiques chansons ou braillages des cars de la SaintéLyon jadis, du Puy-Firminy, de Roanne-Thiers… On sent qu’il a fallu s’extraire du plumard à regret, quand même… D’autant que ça pleuviote, il fait un peu frisquet, bon… la dernière news météo annonce flotte jusqu’à 10.00 mais avec fiabilité faible. Allez, on dit que ça s’ra pas ça, hein.
Arrivée à Fleurie. La foule. Le vent froid aussi. On dirait que les nuages se bousculent un peu, mais pour quoi faire ? Ben pour laisser passer pas mal de clarté. Bon signe, ça. Enormément de déguisements, à se demander s’il n’y a pas plus de gens déguisés que pas. Beau gymnase pour protéger tout le monde du froid, très dense dedans bien sûr, mais eau, café, gâteaux… Sympa. A un moment il va falloir quand même sortir. Je sens bien que Brouette s’impatiente un peu. Peut-être pas de stress, mais de la tension on dirait. Il voudrait probablement aller s’échauffer déjà, peut-être pour faire descendre un peu la pression. Je fais trainer au contraire. Se peler le jonc aussi longtemps à l’avance pour partir comme une brute, non, pas bon. Allez, 30 minutes avant, on peut sortir renifler l’air frais. Gagner la ligne de départ pépère. D’inattendus tableaux « nature » s’offrent à nos mirettes, dehors.. Par exemple, cette Marilyn, boucles blondes virevoltantes dans le vent, robe blanche flottante dans une lumière encore naissante, mais quand même un peu beaucoup charpentée, gros bras nus et bien poilus, des cannes de skieurs finlandais, pissant debout face aux vignes ! Du coup, on fait la même pause technique tous les 3, et direction le départ. Tiens, on peut remarquer plusieurs pieds chaussés de simples Crocs. Les types vont faire 42 bornes avec ça aux pieds ??? Y’a un moment ils vont finir pieds nus, c’est sûr…
On y est, il va falloir patienter encore une bonne vingtaine de minutes. Aller trottiner ? Moouuuais, mais est-ce qu’on sera bien placé après ? Bon, finalement, non juste bouger sur place avec la musique, se mettre au chaud entouré de coureurs. On voit bien le soleil maintenant, et au moins dans la tête, ça fait tout de suite quelques degrés de plus. Bien vu de la part de l’organisation : après quelques mots de Diag le champion, ils font monter Arthur sur scène pour dire quelques mots. Arthur est chinois, et balance toute une chanson en chinois, jovial et très heureux de participer. Avec le nombre de spectateurs, ce serait étonnant de ne pas trouver une vidéo sur le net, même en Chine, et hop, promo beaujo ! Fred n’est pas loin mais je ne vois plus Brouette depuis un moment. Il doit être dans sa course déjà, mais j’espère qu’il ne doute pas. Juste être vigilant sur ce départ en bonne descente. Ah, ça se précise, un simili échauffement en groupe et en musique, encore quelques minutes mais tout est bien réglé et pan, 9.00, ça part ! Tournicotis dans Fleurie, un peu d’encombrement, normal. Et ça descend. Donc c’est là qu’il ne faut pas faire n’importe quoi ? Aller un poil plus vite, ok, mais juste pour tenir la moyenne avec les montées à suivre. Tu parles, Charles ! J’aperçois Brouette à nouveau, mais il va de plus en plus vite. Je ne suis carrément pas dans mes temps.
2 bornes après, on rejoint du plat. Et c’est marrant comme ça semble facile encore ! Pour autant, il faut s’appliquer, sinon, dans 2 heures, biiimhh ! Ouais mais c’est facile, là, autant en profiter non ? Ben non, justement, ‘faut pas, les coachs ont toujours dit et j’ai toujours vu qu’ils avaient raison ! Mais bon… En plus, dans les faits, il y a toujours des kilos majoritairement descendants, les % sont justes < à ce qu’on vient de connaitre. Et puis il y a le froid. Ca pourrait contracter, mais là, y’a juste à mettre un pied devant l’autre, on avance quasi sans forcer ! On profite plus du pouvoir antalgique du froid que de ses nuisances. En face, les Monts d’Or baignent dans la lumière automnale. Autour les vignes et les prés composent avec les bois blonds vénitiens. La lune, toujours présente, regarde goguenarde cette farandole multicolore de coureurs serpenter. Oh ! Et la montre, là, t’es où là ??? Oh pôh pôh… je n’arrive pas à me caller. On verra. Vu le tracé, il faut surtout veiller à garder une même intensité d’effort qui ne se traduit pas forcément par une régularité des kilos. Absorber les bosses, simplement, pas de zèle. Boire un minimum quand même, s’alimenter mais pas se charger en sucre inutilement. Vers le 20ème pourtant, j’ai cette étrange sensation d’être un peu comme un vieux berger allemand, tout bloqué de l’arrière train… D’habitude, la hanche droite pince un peu… pour la première fois, c’est la gauche. Et puis pan, franchement contracté maintenant, sur toute cette partie-là. Monté trop vite, la petite bosse avant ? Quoi d’autre sinon ? Si c’est pas ça, c’est que ça risque de tout se déglinguer là-dedans… Qu’est-ce que c’est que ce truc, à peine 20 bornes et ??? sûrement ces premiers kils un peu trop vite parfois, un déficit musculaire sur cette zone c’est certain, mais pas plus hein, ‘faut pas déconner ?!? Finalement ça passe. Plus lentement que ce n’est venu, en une vingtaine de minutes, c’est réglé.
Souvent, il faut chasser l’ombre sur les courses. Aujourd’hui, la panoplie short-débardeur assure un très bon refroidissement du moteur (!) et évite de suer trop. Mais quand même, il est bon d’éviter les zones d’ombre et les petits courants d’air bien frais sur la tronche. J’aurai dû prendre le bonnet du club… Là, je m’applique à bien rester sous le soleil, et heureusement, j’ai pu faire passer le buff du poignet à la tête. Clac ! comme ça. Ah, un ravito avec banderole Saint-Yorre. J’en demande, mais visiblement je surprends tout le monde. « Ici, on demande du vin en principe ! » des gobelets d’eau plate, mais pas de Saint-Yorre. « Michel, tu en as d’la… » « de quoi ? » « ben t’en as ou pas ? » « mais de quoi ??? » etc etc… un troisième gars arrive avec une demie bouteille. Excellent. Allez je pars avec. Je n’ai aucune action chez eux, je le dis, mais j’ai testé ce breuvage, simple, sur des ultras, et à chaque fois, c’est une renaissance. Un effet de ouf ! Le sel ? Je ne sais pas mais en tous cas, ça a toujours été quasi rédempteur. Un gel, d’autres traversées de château, descente dans les caves, tout est bien foutu, avec tapis pour ne pas (trop) glisser, des rampes aux escaliers. Juste, il faut bien faire gaffe à baisser sa tête quand on rentre dans ces endroits. Sinon, c’est fracture du crâne ! Bon, c’est vrai qu’y en a qu’y ont pas b’zoin… Il y a du monde, les gens sont vraiment très sympas de partout, public, orga, musiciens, tous. On repart sur des petites routes, des passages sur des tapis de feuilles rousses, quelques parties un peu gadoue mais rien de bien grave pour l’heure. Ce sera peut-être différent pour la deuxième moitié du peloton...
Attends c’est pas un début de point de côté-là ? Passe la première pour voir. Souffle. Bon, vite éliminé, heureusement. Il s’est pointé pourquoi, en fait ? Je ne suis pas au bout d’un 800m quand même ! De toutes manières, il va être temps de récupérer un peu dans cette montée au 30è. La montre indique que la moyenne est toujours ok pour un temps < à 3.30 . On verra après la monté. Alors là, il y a des passages vraiment lents mais c’était prévu. N’empêche, ça fait quand même un peu ierch… Je passe à 10 à l’heure... Mais si je ne déconne pas je devrai pouvoir bien profiter de la suite. Et c’est ce qu’il se passe après avoir torpillé une nouvelle bouteille de Saint-Yorre. Du plat ou de la descente bien cool pendant 7 bornes ! En principe on pioche, à ce moment-là. On se fait des raisons. On s’accroche à tout ce qui est possible pour ne pas faire 1kilo en 15minutes. Ce coup-ci, c’est une sensation inverse, les jambes répondent bien, le souffle, tout semble impeccable. C’est bien la première fois que je vais terminer un marathon avec cette impression-là.
Et maintenant, Villefranche. Un peu de monde. De plus en plus, mais on sent que c’est aussi l’heure de manger. Là, c’est obligé, je dois faire moins de 3h30 maintenant. 3h25 ? S’en fout la montre ! Je fais au mieux, et jusqu’au bout puisque j’en ai les moyens. Je me souvenais de la carte avec cette arrivée en U. Je ne me réjouis pas trop vite à l’arrivée dans le centre, mais ça sent quand même bon. J’aperçois la petite famille avant le dernier virage, ça fait toujours un truc. Alors la dernière ligne droite, tiens, j’accélère encore, allez. Passage de la ligne. 3h24, je ne l’espérais pas au début, ça ! Le souffle est vite récupéré mais les guiboles tiennent quand même moyen l’équilibre pendant quelques secondes… Brouette affiche une mine vraiment réjouie, et il y a de quoi ! Il réussit ce qu’il avait plus ou moins prévu, un temps canon pour un premier marathon sur un parcours pas si simple à appréhender, une place chez les meilleurs, un finish dans le dur mais sans jamais « crasher ». Au bout ! Excellent pour la suite, cette phase-là, tu sais maintenant que tu passes au-dessus. Et si le prochain coup tu fais ce même negative-split, mais à l’envers, et ben tu n’auras même pas à connaitre cet état ;-)
Et qui est aussi à l’arrivée ? Marc, le (entre autre) photographe. Merci pour les photos Marc ! Hop, souvenirs ! Fred améliorera son temps de 20 minutes par rapport à Lyon, finira en 3h30… Et il grattera des minutes, encore, c’est sûr.
Un seul regret : ne pas avoir prolongé le moment après s’être changé et posé un peu, avec Brouette, Fred et Marc et consorts. Il y avait matière pourtant, ce jour-là dans Villefranche, avec les autres courses, les bars, la mise en perce, la musique, etc, mais on était attendu à 100 bornes de là, obligé de partir un peu à l’arrache… En tous les cas, un super souvenir cette course, avec cette météo, fraiche mais claire, c’était top. Si ça se passait bien, je m’étais dit que j’essaierai Embrun (esprit « finisher») que je voulais déjà tenter cette année. Alors je compte bien m’inscrire pour 2017.
Mais maintenant, place au Chat et à sa SaintéLyon. Comme pour Brouette, au vu de ton temps à Beaune, on voit bien qu’il y a du costaud ! Enjoy the night !
Le 3 décembre, la nuit vous appartient.
|