A moi de revenir sur ce qui fut, à ma grande satisfaction, une chouette journée
Tout d’abord, un grand bravo à toutes les rilliettes pour cette participation en masse à ce grand rdv club de début de saison, pour cette super ambiance, pour les belles performances : podium de Jimbi, Marlène – même si c’était en biathlon
– et notre ex-rilliette de charme Jeanne – qui pourrait être de bon conseil pour Marlène
-, ainsi que nos fiers champions du monde : la famille Blattner au complet sur le XS
, Benji et Marlène sur le M
, Pastaga et Steph sur le L
. Un grand merci à notre sponsor CROIX ROUSSE GAZ
qui a favorablement choisi cette date, ce temps, cette eau presque chaude, ce parcours splendide, ce vent qui a porté certains et ralenti d’autres, aux accompagnants qui ont soutenu les rilliettes toute la journée
, aux Alligators pour cette toujours belle épreuve, et enfin, pour finir en beauté, une mention toute particulière à mon cher Brouette
pour ce petit cadeau de fin de course qui m’a définitivement ravi.
Comme pour nombre d’entre nous, Rumilly était la première épreuve de la saison. Je sais par expérience que c’est rarement la meilleure
. C’est souvent une mise en route laborieuse, des sensations aléatoires, des transitions cafouilleuses, des finish délicats, … bref, il faut lancer la machine. Ayant déjà expérimenté des fortunes très diverses sur ce L (plus de vingt minutes d’écart entre 2014 et 2015…), je reste prudent, mais que de souvenirs extraordinaires
de finish au mano a mano, avec Beninho en 2014
et une incroyable lutte avec Rayzin pour éviter la dernière place en 2015
! J’ai aussi appris qu’il fallait compter sur les circonstances de courses et que rien n’était fini tant que la ligne n’était pas franchi
(comme Captain qui se plante de chemin à 500m de l’arrivée et me donne gratis sa 4ème place en 2014 …
décidément, Rumilly, c’est la course des cadeaux). Et puis, un Championnat du Monde des Rilliettes, c’est forcément un rdv spécial, où il se doit de faire bonne figure
. C’est aussi un test Embrun. Si ça répond, je signe ; si c’est laborieux, …
Pour finir, deux bonnes années de frustrations à expier, deux ans que ça casse, j’aimerais que ça passe …
J’ai donc élaboré mes plans
. Une fois n’est pas coutume, les circonstances d’entrainements me sont assez favorables. De bonnes sorties longues sur mars-avril et début mai, plus d’intensité mais aussi de la récup sur la dernière quinzaine. J’arrive frais
. La concurrence est rude, dense, mais archi connue
. Je sais que mon niveau me place entre la 5ème et la 15ème place. Mieux que ça, c’est trop fort pour moi et j'aimerais autant éviter les fonds du classement, j'ai déjà visité
. Je rêve de faire comme en 2014... Une belle 5ème place serait comme un podium pour moi car elle signifierait mettre derrière l’essentiel de mes ennemis favoris, autant dire mes bourreaux de ces 2 dernières années. Il en manque bien quelques-uns : Greg, Crapatueur, …
mais le choix est déjà large, même Rom qui me donne une dernière chance avant son départ
. Pour revenir à mes plans : survivre sur la natation, garder CriCri en vue jusqu’à Quintal pour tenter de limiter l’écart au sommet, patienter dans le Semnoz, faire la fin de l’ascension si j’ai les jambes, attaquer sur la fin du parcours vélo qui devrait m’être plus favorable, en garder quand même pour la cap, faire un premier tour tranquille pour juger des forces en présence, et vaille que pourra sur le dernier tour. Eh bien, croyez-moi ou pas, c’est ce qui s’est passé au mètre près.
Je m’extirpe assez tôt des rilliettes pour aller me soulager d’une petite envie et tâter l’eau qui s’avère bonne. Je fais le choix de l’intérieur et je retrouve CriCri, Nes et Steph, Lau pour le départ. Même si elle passe finalement assez bien physiquement, ma nat’ sera une galère technique
, impossible de poser ma nage, je suis sur un deux temps saccadé, aucune sensation de glisse - j’ai honte de moi-même en pensant à Isma – sauf sur la fin où je découvre (après tout de même une bonne cinquantaine de tri à mon actif
) les bienfaits de l’aspiration … je finis les 300 derniers mètres dans les jambes de mes prédécesseurs, quasi en nage polo pour ne pas les perdre, mais tout en glisse, sans réel effort … à méditer pour les prochaines courses. Le parc à vélo est bleu et jaune de rilliettes … j’en ai le tournis
… Jallet peu content de me voir déjà à ses côtés …
j’ai la même réaction quand je vois CriCri arriver … la course est lancée
Le rythme est un peu compliqué à trouver sur le début du vélo. Mais je suis bien calé sur mon petit plateau. Je rattrape Jérôme et Lolo il me semble, avec la politesse qui honore chaque rilliette digne de ce nom
. J’attends qu’on me serve mon CriCri et il vient bien trop tôt à mon goût, un peu à froid, mais il faudra bien faire avec. Pourquoi CriCri me diriez-vous ?
Mais parce qu’une année Ironman sans CriCri, c’est comme Embrun sans Izoard, l’Autriche sans Sissi Impératrice, Roth sans les bavarois, … ce serait fade … Mais surtout, c’est un sage
, qui gère sa course … bref, un leader spirituel, un gourou pour un Sam Saminable comme moi. Et puis, il est Champion du Monde en titre, sur un XS, au nez et à la barbe des meilleurs nageurs … si ce n’est pas un tacticien ça ?
Enfin, j’ai toujours cru que le half du Semnoz était taillé pour lui : nat’ courte, un vélo qui se résume à une ascension à 9%, une cap régulière … bref, l’homme à suivre … si tu peux.
C’est qu’il gambade le cabri des Pyrénées. Sagement, je le laisse partir mais je le garde à vue, même si je le recroise au bénéfice de quelques descentes. Il sera mon métronome jusqu’un peu avant Quintal. D’ici là, je pense me rappeler de Lau, Steph et Rayzin – en train de danser sur sa selle …
pas bon signe quand je le rattrape si tôt
– puis Ade et Rom, mes camarades d’ascension du Gd Colombier. De fait, Rom me rappelle que c’est le Semnoz qui nous attend … et il me redouble, le regard narquois
, au début de l’ascension, suivi par Ade. Mais je m’en tiens à ma stratégie, je patiente
. Je n’ai pas un développement qui me permet de mouliner, donc je me relâche au maximum, je choisis de charmantes petites camarades d’ascension tout en gardant un œil sur les deux petits poussins jaune et bleu qui s’éloignent vers le haut … A la borne des 3km restants, j’ai des fourmis dans les jambes. J’abandonne mon petit peloton et je pars à l’abordage du Semnoz
. Je retrouve assez vite Rom qui ne semble pas au mieux, je l’interroge sur Ade que j’espère récupérer avant le sommet mais le bougre a pris la poudre d’escampette …
Ayant croisé des cyclistes qui redescendaient très couverts, je crains le froid. Le syndrome Gd Colombier peut-être aussi … mais que nenni. Certes un peu frisquet les premiers km, mais la dangerosité du parcours réchauffe bien assez et je retrouve Ade au bénéfice de la descente. On attaque les faux plats du retour avec le vent dans le nez
. J’ai du mal à gérer. Plaque ou pas plaque ? Je suis sur un faux rythme, du mal à trouver le bon rapport, je tente de ne pas trop en laisser, mais je vois bien en doublant que tout le monde est dans le dur. Je me dis que CriCri n’a pas dû aimer du tout cette partie et que c’est tout bon pour moi
. Et de fait, j’ai un maillot rilliette en point de mire en arrivant sur Rumilly. Je pense à CriCri – une obsession me direz-vous ?
– mais c’est en compagnie de mon bon Jallet que j’entre dans le parc à vélo. Il a le masque
. Il s’embourbe dans une longue transition. Juste le temps avant de repartir de lui demander s’il n’aurait pas remarqué, par hasard, un petit de type basque à sockets blanches, mais « oh lala, mon grand Monsieur, il est déjà loin ! ». « Bon ben j’y vais alors … ».
Comme beaucoup d’entre nous, pour y avoir passé de longues heures, je connais la cap par cœur, j’ai mes repères, des souvenirs … ça occupe
. Je relâche au maximum. Encore un bonne heure et demi devant moi, il faut que ça tienne. J’ai craint de trop en avoir laissé sur la fin du vélo mais ça répond bien. Je trouve assez vite un rythme confortable. Mais la pression revient dès le premier petit demi-tour. Je croise Brouette et CriCri en couple - mal assorti
– j’évalue l’écart, quelques minutes tout au plus, et je mesure au retour le retard pris par Jallet à la transition. Je le motive sur cette nouvelle cible qui s’offre à nous. Je ne l’ai pas senti partager mon entrain
. Je ne m’affole pas pour autant. Ne grillons pas les cartouches si tôt. Voyons comment cela évolue. J’ai finalement assez vite CriCri en point de mire. Pas au mieux mon héros. De fait, il me fait une soupe à la grimace et je ravale les plaisanteries douteuses que j’avais eu le temps de préparer contre quelques encouragements
. Mais où donc est passé Brouette ?
Là, on commence à croiser de la rilliette de partout, ceux du M qui finissent leur cap, et les premières rilliettes du L qui achèvent leur premier tour. On s’encourage au point d’en avoir la gorge sèche et de ne plus pouvoir articuler. On informe des écarts, on motive, parfois en exagérant, mais tout pour la bonne cause, la tabasse
. J’en profite pour faire le point sur ma position. 6ème. Je m’en satisfait très largement. A une place de mon max espérable, mais bien devant le spectre de la défaite qui m’a si longtemps hanté. D’autant que derrière, ça ne se bouscule pas … encore. Car une belle remontée de Ade était visiblement déjà en marche …
Je m’installe dans mon petit confort. Je retrouve Brouette sur les demi-tours, l’écart n’évolue guère, il a l’air bien, on se chambre à chaque fois
, mais soyons honnête, je n’envisage même pas de le rattraper…
Un petit moment particulier, je le reconnais, quand je croise Rom et Rayzin loin derrière …
à l’entame du 2ème tour, je m’interroge tout de même sur la finalité de ma course. Et si ça revenait de derrière ? Et si ça craquait devant ? J’ai un énorme coup de flip au demi-tour suivant
lorsqu’après avoir chambré Brouette je croise une RINI, RIlliette Non Identifiée, qui revient comme une fusée … j’ai bien 5mn pour tergiverser, calculer, deviner, stresser, … quand je suis rejoint par Joce qui m’explique, à mon grand soulagement, qu’il est sur son premier tour …
mine de rien, ça m’a foutu un sacré coup d’adrénaline … je le retrouve aux côtés de Brouette au demi-tour suivant … j’en rigole bien …
Brouette me dit que je ne l’aurai pas … Je suis assez d’accord avec lui et on se dirige peinard vers l’arrivée.
De retour dans les rues du lotissement, toutes les rilliettes que je croise ne cessent de m’avertir de la faible distance qui me sépare de Brouette. C’est bon, ça fait plus d’une heure que je le suis, je suis au courant … on me l’a déjà faite celle-là …
pas loin, pas loin … largement assez … et puis c’est Brouette tout de même … vous avez déjà vu une course de Brouette ? D’ailleurs, on ne dit pas une course, on dit une charge, une ruée ..., une boule toute de chair et de muscle dans un short bleu foncé … alors moi, je vous dis que je suis très bien derrière …
Mais c’est vrai qu’il n’est pas loin le Brouette …
je l’ai bientôt en point de mire … il n’avance plus … on est à quoi, 2 kil de l’arrivée ? … il ne se retourne même pas … il doit être cuit … c’est bizarre quand même, il avait l’air si tranquille si peu avant …
à la fois, plus rien ne surprend avec Brouette, capable du meilleur comme du pire … je commence à envisager, non sans dépit, un sprint à l’arrivée
. Il va falloir encore se sortir les doigts … Quoique … je suis bientôt dans ses pied au terrain de foot … il reste la ligne droite du sous-bois, le petite côte à droite puis la longue ligne d’arrivée à gauche … bien assez pour accélérer, déposer un mec aux abois et finir tranquille … à moins de patienter un peu derrière, se refaire, et la jouer pupute sur la fin … oui, mais c’est Brouette, et même aux abois, avec la ligne d’arrivée en vue, il est tout à fait capable de le faire, ce sprint …
je choisis donc la première option, l’action immédiate, radicale, on passe de suite en accélérant … avec une petite tape amicale tout de même … on n’est pas des chiens … mais, alors que je pensais laisser derrière moi un râle de défaitisme, c’est un Brouette tout guilleret qui m’emboîte le pas et se réjouit du sprint à venir …
comment vous dire ? c’est un peu comme un bal où vous êtes invité à danser par le/la relou de la soirée et vous ne savez plus comment vous en dépêtrer …
bref, je voulais éviter le sprint, je vais l’avoir... Recalcul express des données …
c’est épuisant mentalement le triathlon … j’en profite pour décélérer et récupérer un peu … de toute façon, tout ce qu’il veut, c’est un sprint, il ne va pas attaquer de si loin alors qu’il m’a attendu … et puis il y a cette petite côte avant l’arrivée qu’il va falloir gérer …
je n’envisage d’abord le sprint qu’à partir de la ligne droite, probablement comme lui, mais je réalise bien vite que la configuration de l’arrivée est très piégeuse, ligne droite étroite, de possibles concurrents au milieu, virages à 90°, courte reprise avant la ligne … celui qui sera derrière sera mort …
je décide donc de prendre l’initiative tôt, dès le début de la côte, sans tout lâcher, pour tester la réaction de l’animal, ça répond bien de mon côté et ça tarde à réagir derrière, j’accélère, je passe le virage au sommet en tête, je me retourne, le Brouette est enfin lancé mais je suis devant … et ça suffira jusqu’à la ligne
. Autant dire que la reprise de mon souffle a été très très compliquée …
mais quel finish ! quel superbe cadeau de mon cher Brouette ! Je ne pouvais pas espérer mieux pour conclure cette belle épreuve
. Je salue là l’esprit chevaleresque du Mousquetaire Brouette, près à défier en duel n’importe quel importun pour la seule beauté du geste
. Quelle course !
Forcément, c’est un plaisir ensuite d’accueillir tous les arrivants
. Pas besoin de bcp titiller Hervé pour qu’il fasse une ovation à Rayzin quand il arrive enfin … normal, ce sont ses Championnats du Monde CROIX ROUSSE GAZ et ils auront été à son image, extrêmement sympathiques
.
J’ai l’impression d’avoir été truandé par un démarcheur à domicile, nommé Brouette, qui m’a fait signer Embrun
. Bon, déconnez pas les Rilliettes, si j’y vais, c’est avant tout pour être avec vous
. Embrun, c’est l’enfer, mais avec vous tous, ce sera magique
. D’ici là, ça va un peu se compliquer pour moi, avec des déplacements en Asie. Le L des Sapins risque de me faire très mal
. Mais je vous dois cette revanche. La saison ne fait que commencer ! Vivement la suite ! Rdv déjà dimanche à Bourg !