Voici un article publié sur Les Echos sur notre beau sport :

Ironman à Hawaï : le Graal des dirigeants sportifs (Les Echos, 6 October 2022)

Neïla Beyler
A 56 ans, le président de Nintendo Europe a des journées plus chargées que vous ne pouvez l'imaginer. « J'essaie de caser mes entraînements de natation à 6 h 30, et d'autres dès que je peux dans la journée. Je fais en plus entre huit et dix heures de sport le week-end, avant le jour J. » Stephan Bole est un habitué des Ironman, ce test d'endurance grandeur nature le plus iconique du marché. Cette année, le championnat du monde, qui réunit la crème de la crème des athlètes de 2022, qu'ils soient professionnels ou amateurs, a lieu ce 6 octobre sur l'île de Kona, à Hawaï. Au programme, et dans la foulée : 3,8 kilomètres à la nage, 180,2 kilomètres à vélo et un marathon pour enfoncer le clou (42,2 kilomètres). Qu'est-ce qui fait courir chaque année ces milliers de fanatiques du triathlon ? « Ce n'est que du positif, cet entraînement représente une véritable soupape de compression, j'en ai besoin pour avoir une vie équilibrée », affirme Stephan Bole. Ils sont nombreux à se déclarer accros à cette discipline, qui nécessite rigueur, résilience, engagement, concentration et remise en question - quand les résultats ne sont pas à la hauteur de leurs espérances.

Le nouveau golf

« Il y a une surreprésentativité des CSP + car ce type d'activité sportive autour de l'endurance résonne particulièrement avec le management en entreprise », confirme Jacques Trottier, 53 ans, président du spécialiste des en-cas festifs Labeyrie, tombé dans la marmite Ironman il y a une dizaine d'années. Le ticket d'entrée fluctue entre 500 et 700 euros. « Nous sommes sur un positionnement premium : nos athlètes bénéficient d'un encadrement unique », avance Thibault Vellard, aux manettes d'Ironman en France. « Pour certains, Hawaï est un objectif de vie, ils sont prêts à faire de nombreux sacrifices pour y arriver. » « Il y a vingt ans, tous les patrons jouaient au golf. Aujourd'hui, ils se mettent au vélo, sur lequel on peut aussi discuter », constate Philippe Martin, 57 ans, président de Safran Ventilation Systems, filiale du groupe industrie. Mais rien ne se fait sans un coach qui encadre, motive, et parfois console. Christophe Jouffret, de Tri-Academy, a accompagné plus d'une vingtaine de dirigeants : « Nous prenons en compte tout un tas de paramètres pour ces clients : non seulement leur historique médical et psychologique, mais aussi leur emploi du temps très serré, le temps qu'ils sont prêts à y investir au minimum, et au maximum. » D'après le patron de la société de coaching, le triathlon « devient comme une drogue grâce aux hormones du bonheur sécrétées, l'entraînement permet d'affronter les difficultés au bureau avec calme et sérénité ; les pratiques sportive et managériale se nourrissent l'une de l'autre ». Renaud Cormier, à la tête du cabinet de conseils en investissement Theseis, le confirme : la pratique du triathlon est un autre moyen d'apprendre à se connaître.