Nous y voilà, Thun, Suisse, 9 juillet 2023. 92ème départ en triathlon, 10ème IM.
Une préparation studieuse mais clairement marquée par un manque de motivation, ou plutôt peinte d’une certaine lassitude, d’envie d’autre chose, d’envie de trail et d’ultra trail.
Les semaines de préparation spécifiques balayeront un peu ce sentiment. Chaque week-end est un mini-bloc IM sur lesquels se concentrera une partie importante de la prépa à raison de 10 à12h sur 2/3 jours.
Ceci me permet d’atteindre un niveau augurant une possible belle performance, s’entend, à mon niveau, hein.
Pour la première fois, aucune course de prépa, les seuls dossards de l’année étant sur un semi sec, et 3 trails de 15 à 28 km.
Comme à la grande époque, on part en famille pour la Suisse. On y découvre un cadre idyllique mais sous une température importante. Le lac étant alimenté par les glaciers, la température de l’eau permettra d’enfiler la combinaison. Samedi avec un déblocage appuyé, du repos et un dépôt du vélo le soir où je retrouverai enfin IronWorldChamionshipCastor. La famille profitant du cadre pour quelques visites.
Dimanche 4h15, réveil. Nuit correcte avec de blocs de sommeil courts mais profonds. Mon Cyp me fait le plaisir de m’accompagner au départ. Gonflage des pneus, enfilage de la combi, classique. Ce qui l’est peut-être moins c’est ce vent qui crée une légère houle sur le lac que l’on attendait calme.
Accolade (bon, ok, câlin) avec mon Cyp et je me mets modestement dans le SAS 1h15-1h25. 6h30 les pro hommes partent (pas de pro femme sur la course). Pas de stress, serein, je sais que je vais en bavé sur la NAT de toute façon.
Mon départ arrive enfin. On pourrait continuer à marcher des centaines de mettre vu qu’il n’y a pas de fond. Je me décide et me lance dans cette eau agitée à 18,9 °C. Le reste, c’est un peu comme d’hab, j’ai du mal à trouver du rythme, la houle rend la navigation complexe, mais j’y vais. Patience est le maitre mot. Ma crainte de crampe au mollet droit, souvenir d’un traumatisme musculaire sur le M d’Aydat en 2021 (qui en m’avait pas empêché de doubler PlanPlan sur la CAP
) se révèle justifiée. Ca commence par quelques décharges, puis ça serre à 2500 m. Dans ce cas, rester zen, essayer de soulager, pas simple, mais je commence à être expérimenté.
Le retour se fait enfin. Mentalement je me dis, c’est bon j’ai le vent dans le dos. Vrai ou pas je sens que ça va mieux. On arrive enfin au port, j’ai déjà passé les 3800 depuis belle lurette. Je sors enfin de l’eau après 4400 m, pas loin de mon record de distance de l’Alpsman 2021. Je vois mes proches j’essaye de ne pas râler comme d’hab. T1 tranquille avec pause pipi et c’est parti.
J’enfourche mon P5 et part sur ce parcours tortueux de 180 km. Je passe régulièrement suivant les secteurs de 32 de moyenne à 22, je fais une pointe à 79,9 km/h.
Au début je m’alimente suivant le plan : toutes les 10 minutes je mange une portion de barre coupée à l’avance, je bois. Plus ça va, et plus j’ai soif.
Consigne à 185-195 W, je respecte … pas en fait, comme d’hab (que chui con). Ben oui, mais à ces puissances je me traine dans les bosses, donc j’appuie un peu plus.
La soif est de plus en plus présente malgré tout ce que je bois. Je bois, mais je mange de moins en moins. Je sais qu’il faut manger, mais comme trop souvent, j’ai un dégoût accentué par la gorge sèche. A cela s’ajoute des maux de ventre jamais connu. Parfois si intenses que je commence à gamberger : et si j’avais quelques chose de grave (douleur proche du cœur), je n’ai pas envie d’y aller ma peau … ne vaudrait-il mieux abandonner ?
Fin du premier tour. 3h03. Je me fais laper par les premiers, impressionnants. Le second tour, je sens que je suis dans la difficulté, j’ai chaud, j’ai soif, je n’arrive pas à manger. Trio perdant. Je compte les km et finis enfin le second tour en 3h23 et une puissance en berne.
T2, allez, il faut y aller mais le niveau d’énergie est bas. « Vas-y Papa c’est ta partie désormais ». Oui, mais sans essence ça va être complexe.
Début de la CAP et longue ligne droite sur le bitume, sans ombre, un calvaire. Enfin on tourner à gauche et on se retrouve en sous-bois, une fraicheur toute relative, mais qui permet enfin de partir. Je gère comme je peux. Je prends des gels, mais je suis écœuré. C’est pourtant efficace. Le parcours est beau, assez varié entre berge du lac, bord de plage, centre-ville.
Fin du premier tour, stop auprès de la famille. Je n’arrive pas à parler sans que les larmes viennent. Merde, je crois que je suis vidé, à fleur de peau. Je leur dis que j’ai failli lâcher sur le premier tour et que je meurs de soif. Bon là j’aurai mérité un carton, car le temps que je rejoigne la piste d’athlé dont nous faisons le tour à chaque début des 14 km, ils m’ont trouvé une bouteille d’eau pétillante fraiche que je bois goulument. Oui, les ravitos ne sont pas riches. Pas d’eau pétillante, ni de pastèque, mon booster habituellement, du pseudo Coca chaud.
Je repars pour le second tour. Le troisième est un calvaire. On se conforte avec un gars du TVSV. Mon Gab qui m’aura suivi m’aura permis de ne pas passer 14 km à marcher, il m’encourage, je ne peux le décevoir.
12 km, 6 km, 3 km, profites Greg. Enfin se profile l’arrivée, la ligne droite finale. Tellement soulagé que je ne m’arrête même pas pour embrasser les miens, sans qui je n’aurai pas passé la ligne, shame on me
.
Le ligne est là, 13h05, mon pire temps si on excepte Embrun et l’Alpsman, mais la fierté relative de ne pas avoir lâcher.
Un IM ça se finit comme disait mon comparse du TSVS.
Je suis plus soulagé que content. Je m’assoie 5’ puis recherche mes proches. Moment émotions.
Ravitos de fin de course qui fera le bonheur de mes gones affamés, puis en on retrouve Castor’s familly. Castor en aura bavé, mais sa classe lui permettra de décrocher son slot. Bravo l’Ami.
Voilà, 10 ans, 10 finishlines / 10 départs. Viendra vite le temps de faire le bilan et de prévoir l’avenir. J’ai passé au moins 8h à me dire, plus jamais. 3 Jours après et une fois le bilan fait avec le coach, je me dit qu’il serait bien qu’un jour je fasse une course en respectant les consignes …. A suivre.
Merci pour les encouragements sur place, à distance. Je ne le montre ou le dit pas toujours mais c’est plus qu’important. Sans vous ce ne serait pas possible.
Merci Ben pour ton coaching. Le 11ème sera pour toi, avec l’objectif de te satisfaire.