Le pote à Juan Luca !!
Dans la famille du Trail il existe toutes sortes de coureurs. Certains sortent du lot et, parmis ceux là, il y en a un qui force l’admiration et le respect : Dachhiri SHERPA.
Je pense que beaucoup d’entre vous, sauf si vous faites des trails longs, ne connaissent pas Dawa. Je tiens à vous le présenter car, bien au delà de ses performances, c’est un garçon atypique qui véhicule une aura, une philosophie et une image de sportivité comme on aimerait en voir plus souvent.
Hiver 2002. Népal. Village de Manang à 3500 m d’altitude. Arrivée de la 3ème étape de l’Annapurna Mandala Trail. Je termine très fatigué car j’ai commencé à faire un œdème au passage du point de contrôle, à 4200 m. J’ai les pieds, les mains et le visage qui ont commencés à gonfler. Dawa s’approche, me redonne des conseils de base, m’explique que c’est une adaptation insuffisante à l’effort en altitude et me rassure.
Voilà ma première vraie conversation avec Dachhiri SHERPA. Par la suite et au long des 9 étapes de cette superbe course (dont 8 gagnées par Dawa et 1 par moi) j’ai eu le tout le loisir de l’apprécier.
Ses qualités de puissance et d’endurance peu communes lui ont permis de se forger un remarquable palmarès. Juste pour vous donner une idée voici ses résultats 2003. Regardez les classements mais également les distances !
Janvier : 9ème du Trail Blanc, 28 km.
Mars : 1er du Trail de la Ste Victoire, 54 km.
Avril : 3ème de la Via Aurélia, 40 km et 1er de la Bambytrail, 47 km.
Mai : 3ème de l’Ardéchoise, 54 km et 1er du Trail Maurin – Collobrières, 52 km.
Juin : 1er du Trail des Volcans de Java, course par étapes de 215 km. (9 étapes, 9 victoires).
2ème de la Cromagnon, 106 km.
2ème de la Fila Sky Race, 48 km.
Juillet : 8ème du Marathon del Cielo, 42 km.
1er du Maratour des Glaciers, 42 km.
2ème de la 6000D, 55 km.
Août : 35ème de Sierre-Zinal, 31 km.
1er de l’Ultra Trail du Mt Blanc, 153 km.
Septembre : 12ème du Cervinia Skymarathon, 30 km.
1er de l’Euskal Endurance, 67 km.
1er du Férion, 47 km.
Octobre : 1er de la Volcano Trail en Sicile, course par étapes de 200 km.
Impressionnant non ?
Cette année vous pourrez le rencontrer sur les courses du Mont Ventoux, l’Ardéchoise, la Volcano Trail, la Guadarun, Les Glaciers de la Vanoise, le Trail du Mt Blanc, La Réunion…
Dawa est un garçon solide et très musclé qui mesure 1m75 pour 70 kg.
Il est né le 3 novembre 1969 à Taksindu, Solukumbu, au Népal dans la région de l’Everest, à 2700 m d’altitude. Il est le 5ème d’une famille de 9 enfants (6 frères, dont 4 courent et ont gagnés ou fait des podiums dans les grandes courses Népalaises, et 2 sœurs).
Bouddhiste, il part de chez lui à 6 ans pour s’isoler dans un monastère où il va rester 8 ans. Il ira ensuite rejoindre son maître spirituel au Bhoutan avant de revenir chez lui pour le décès de son père. Sur son lit de mort celui ci lui confie la charge de la famille. Dawa quitte alors le monastère et va gagner sa vie en faisant la cuisine pour les touristes lors des treks d’altitudes. Ensuite il passera son diplôme de guide.
En 1994, à 25 ans, Dawa est contacté pour participer au Super Marathon de l’Himalaya car l’organisateur cherche un Népalais pour pallier à des désistements de dernière minute. Il y a un seul problème, Dawa ne court pas ! Il a un haut niveau en karaté, discipline apprise pendant ses années de retraite dans le monastère et pratiquée à haut niveau depuis, mais il ne court pas. Il se lance pourtant sans hésiter dans l’aventure et ne s’est jamais arrêté depuis.
Sur cette course il rencontre Annie, une française installée en Suisse, et c’est le coup de foudre. Pendant 3 ans il ira passer quelques mois chez elle puis, en 1998, ils se marient et Dawa s’installe à Genève.
Une des particularités de Dawa est son entraînement. Le trail n’étant pas médiatisé, il ne peut pas vivre du sport malgré l’aide de ses sponsors, Quechua et Leppin. Il travaille donc à temps plein comme maçon chez Induni, une entreprise de bâtiment qui heureusement lui permet de s’absenter pour toutes ses compétitions, mais il n’a pas de temps pour faire des séances en semaine. Il ne fait qu’aller au boulot en vélo (12 Km aller – retour) et, parfois, faire 30’ tranquille de course ou de roller. Son vrai entraînement ne se fait que le week-end avec, lorsqu’il ne fait pas de compétition, une sortie longue (3 à 4 heures) et une sortie courte si possible en altitude. Le tout au feeling car il n’a pas d’entraîneur ni de plans structurés…. !!!
L’hiver il fait du ski de fond.
Une autre de ses particularités c’est de ne jamais avoir mal aux jambes. Réellement. Il n’est jamais fatigué et on se demande s’il fait de l’acide lactique !
On ne peut pas conclure sans parler de ses qualités humaines qui sont : Chaleur, disponibilité, gentillesse, humanisme, ouverture d’esprit, profondeur de pensée et spiritualité qui complètent son immense talent.
Voilà donc, brossé très rapidement, le portrait d’un grand monsieur du trail.
Maximum respect.
Namasté.