La chenille des Rilliettes fait sensation.
8h20, je retrouveVB et Lucio sur un parking. Ils m’informent que les autres chenillards sont en train de se garer.
VB et The Pou maîtrisent l’ensemble des dossards, c’est tout bon.
Une fois la présentation des bizuths (The Pou et Marc_G) aux autres, perception et mise en place des perruques qui vont bien. Cela permettra de ne pas se perdre de vue.
Tout se présente pour le mieux, la météo semble de la partie et c’est d’un pas joyeux que nous partons récupérer le vélo de Gin devant le coiffeur « chez Morgane ». Nos têtes de fous rendent hilares les clients.
Si nous avons pu leur donner quelques idées pour leur coupe, c’est cadeau, c’est généreux, c’est Rilleux !
Début d’émeute lorsque Gin décide de mettre son collant pour le vélo.
Les chenillards, plus soft ornent leurs pattes (avec des chaussettes bleues savamment découpées par JC). Il m’explique qu’il a galéré pour trouver des jaunes car en fait, pas un club de la région ne joue avec des chaussettes jaunes. Nos pattes seront donc uniquement bleues. Nous nous dirigeons vers les bus et c’est tellement bien organisé qu’en 2 minutes nous sommes tous installés dans un car confortable.
Déjà le regard des autres concurrents se porte sur cette espèce de tas informe blanc, couvé des yeux par Bilbo et Juan Luca.
5 minutes et déjà notre secrétaire est alpagué par M. Photogone qui lui affirme être en possession d’une photo compromettante : Bilbo nageur.
35 minutes plus tard, tout le monde descend à Fleurie. Le nombre de concurrents ayant augmenté significativement depuis l’année dernière, les athlètes sont accueillis au gymnase qui est un peu excentré et non plus dans ce que je suppose être la salle des fêtes.
Tout de suite, VB repère l’endroit idéal (le auvent qui prolonge le toit du gymnase) pour déployer notre insecte. Il fait très bon sous abri car nous sommes côté soleil, c’est donc parfait pour se préparer.
Ça y est notre chenille de 14m est déployée à même le sol et nous entreprenons de gonfler les ballons et de fixer les dossards. Nous garnissons aussi nos pattes de ballons mais les agrafes sont difficiles à poser.
Un peu de bleu, un peu de jaune et voilà nos chenillards grimés.
Une fois les sacs poubelles remplis avec leurs affaires de rechange, les clés et papiers confiés à leur VTTiste dévouée, les Rillettes décident de se sustenter avant le départ. Car à ce Marathon, Mesdames, Messieurs, on peut boire et manger avant la course !
Nous sommes tout à coup submergés par l’arrivée d’une quarantaine de Brice de Nice (il me semble qu’ils venaient vraiment de Nice), planches de surf sur le dos (en fait ce sera comme dans le film, la planche, elle ervira jamais). Salut, ça farte
L’atmosphère est plus que bonne enfant.
François, le speaker roi de la Cap dans la région, est informé de notre animation. Il pourra nous présenter aux spectateurs.
Il y avait bien quelques regards amusés et interrogateurs sur notre chrysalide informe qui gisait à même le sol. Mais ça y est, nous passons dans la 3ème dimension car avec une grâce et une harmonie sans égales, l’habit de lumière est revêtu.
10h00, il est temps de rejoindre le centre du village. Avant de courir, nous apprenons à nous déplacer ensemble. Nous prenons soin de notre engin en soulevant sa jupe Les coureurs ne réalisent pas tout de suite qu’une fois que la chenille est engagée, pour changer de direction, il faut laisser passer entre 8 et 14m !
Nous essayons donc de nous placer contre une barrière de façon à ne gêner personne.
Des coureurs de Bergame veulent absolument être pris en photo avec la Chenille. Peut-être serons nous sur leur site dans quelques temps ?
Nous n’entendons rien des recommandations de l’organisateur et c’est à 10h35 que nous commençons à ramper vers Villefranche.
François (le speaker, vous suivez toujours ou bien ?) nous aperçoit et nous présente.
Vos Rilliettes démarrent très prudemment, pas plus de 7km/h. Il faut que nous trouvions notre espace vital.
Le soleil est plus que là, c’est magnifique et nous en profitons pour admirer tous les déguisements.
Sincèrement, la majorité des coureurs pense que nous nous désolidariserons en cours de route.
Ça discute de partout, c’est la fête et vl’a t’y pas que Juan Lucas réclame une pause pipi. Ça fait pas 4 kms !
Accordé ! De plus cela donne des idées aux autres. C’est avec brio que nous passons cette épreuve pratique.
Les hommes d’abord, VB ensuite (ça le fait et de façon tout à fait décente).
Le 1er ravito est au 5ème dans un château. Là encore, c’est une première car si la tête de la chenille se positionne en début de table, ben la queue elle pleure sa misère.
Donc, soit la tête une fois servie attend sa queue, soit elle squatte une table pendant que la queue mange à une autre. Je ne parle même pas des concurrents qui viennent s’intercaler entre les chenillards !
Ainsi lorsque Bilbo décide de redémarrer, j’hurle pour faire valoir les droits de la queue. Bilbo me répond encore plus fort, qu’il ne s’énerve pas, mais qu’il se renseigne juste.
Ma bonne éducation m’empêche de lui répondre les mandibules pleines.
Petit passage sur notre meneur d’allure, petit taureau, Napoléon de poche barbu. Tu as été grandiose. Sachant gérer les pauses techniques, les ravitos et l’allure, tout cela, de patte de maître.
Ainsi, on peut estimer qu’à partir du 25ème km (et je pense avant), aucun concurrent ne nous aura dépassés, hormis aux ravitos, et encore, ceux-là seront repris systématiquement.
Ce qui est fou avec cette course, c’est que c’est comme dans les festivals. Il y a les les ravitos on et les ravitos off. Et assez rapidement, tu retrouves des ravitos off qui s’intercalent. Par moment, c’est tous les 2,5 à 3 kms que l’on peut boire.
Le 2ème château (Pizay) présente une difficulté technique : il faut descendre un escalier, en partie dans le noir. Mais, no soucy pour votre insecte qui s’abreuve (pratiquement pas au beaujolais mais à l’eau et au jus d’orange) et se restaure à coup de fromage, saucisson, chocolat, pain d’épice, biscuits.
Il est à noter que la tête de la Chenille ne mange et ne boit pas forcément la même chose que sa queue …
Nous sommes survolés plusieurs fois par un ULM. A priori, des images ont été prises du ciel, ça pourrait être très sympa à voir.
Ça discute bien encore avec les autres coureurs, des Belges (mais déguisés en autre chose), des Bigoudins.
Les ballons commencent à se décrocher et Juan Luca sollicite un tout petit arrêt : il a une crampe.
Marche sur 25m et ça repart de plus belle.
Nous avons quitté un court instant la route pour un petit chemin et c’est tout de suite plus difficile car, courir quand on ne voit pas ses pattes, ça passe quand nous sommes sur le bitume.
Par contre, quand il y a des cailloux, ben c’est plus la même histoire. Nous nous décalons de façon à voir devant nous et parfois, la Chenille laisse entrevoir ses dessous.
Le 15ème km marque un tournant pour certains membres de la Chenille. Car si nous sommes tous bien préparés, des douleurs aux jambes s’emparent de certains d’entre nous (dont moi) et ce sont désormais avec des pattes en bois que nous ramperons.
C’est qu’après que nous réaliserons que courir engoncés dans un drap, avec une allure (je ne parle pas forcément en terme de vitesse) mais de foulée qui doit constamment s’adapter à celle des pattes de devant, sans savoir où tu mets les pattes, et bien c’est très assez contraignant musculairement
Pour le reste, le moral est au beau fixe même si, comme nous étions partis dans les derniers, commençons à encourager des coureurs en difficulté.
Ce n’est absolument pas dans l’esprit du club de critiquer, mais parfois on ne peut s’empêcher de s’inquiéter de voir des coureurs marqués par l’effort au 15ème km.
D’ailleurs, pas mal de Brice vont renoncer à leur planche à ce moment, car avoir un truc qui frotte, sur le côté ou dans le dos, qui vous gêne dans la gestuelle, c’est vite démoralisant.
Nous sommes maintenant bien réglés au niveau ravito et pause technique.
C’est le moment de vous parler de l’engouement des spectateurs pour votre insecte. Sincèrement, dire qu’ils ont apprécié serait en dessous de la vérité.
Pourquoi être faussement modeste ? D’ailleurs, nous leur avons fait plaisir en participant et ils nous l’ont plus que rendu en nous encourageant. Ça chantait (devinez quoi ?), ça applaudissait, des plus jeunes aux plus âgés. Ça s’étonnait, ça s’extasiait. Comment ne pas avancer dès lors.
Certains spectateurs se déplaçaient le long du parcours pour suivre leur protégé et se repéraient par rapport à nous.
Personnellement, j’ai dit plus de bonjour et de merci que J. Chirac lors d’une campagne présidentielle.
Le semi est franchi allégrement, nous sommes tous bien même si personne ne mentionne ses pattes.
Nous avons emprunté une piste cyclable et à la sortie de celle-ci, une lourde côte s’oppose à nous : Lucio souhaite marcher quelques mètres. La caravane s’exécute puis repart.
Gin, est là, tranquille, assurant le passage des gels et de l’eau, quand elle ne nous photographie pas.
Je ne sais pas si mes comparses insectes ont fait attention, mais c’est dans cette côte, juste après qu’une jeune femme nous ait courus après pour nous faire goûter sa brioche (y’a rien de salace là
), excellente au demeurant, qu’un groupe de rock reprenait des standards de façon superbe . Le moyenne d’âge de ses musiciens ne dépassait pas 22 ans
Comme le dit The Pou dans un post précédent, Bilbo sera interviewé dans un village par un athlète qui animait déjà la Val’lyonnaise. Très sympa, car il connaît notre club, le cite et demande à chacun des membres de se présenter au public par son pseudo. Nous repartons sous les applaudissements. Merci à lui.
Au 30ème, nous avons notre rythme de croisière et Bilbo accélère légèrement puisque nous étions sur les bases de 4h40 au semi (me semble t-il).
Nous sommes désormais partis pour faire moins de 4h30, objectif déterminé par Bilbo (sincèrement au 5ème, c’était impensable). Les spectateurs nous trouvent courageux. Ils savent que nous allons aller au bout.
Le scepticisme de la part des coureurs a laissé place à de l’étonnement. Ce n’est plus notre déguisement qui est commenté mais notre allure (Et en plus, ils tournent bien).
Le soleil nous avait un peu quitté à partir du 18ème et c’était mieux pour Juan Luca qui, comme vous l’aurez vu sur les photos a eu un peu de mal à supporter sa perruque.
Le beau temps est désormais revenu et cela fait plusieurs kms que j’annonce une grosse côte qui ne vient pas !
Au 34ème, Juan Luca perd le peu de lucidité qui lui restait : il nous annonce : 34, plus que 6 kms !
Aussitôt, il se fait reprendre par un coureur en souffrance.
J’ai insulté un coureur. Je tiens à m’en excuser.
Il faut dire que je n’ai pas goûté tout de suite à la plaisanterie.
Notre chenille le rattrape et le dépasse. C’est alors qu’une voix réclame une pause pipi. Napoléon freine, les chenillards stoppent leur effort. Il s’agissait d’un concurrent qui avait du trop regarder Louis de Funes ou Bourvil, je ne sais plus et le fameux passage de la crevaison du peloton de SS.
Tout le monde s’interroge. JC me regarde et je lui réponds, mais c’est pas moi, c’est l’autre c… Lequel me regarde hilare !
Finalement, le temps de s’expliquer, un de nos chenillards procédait déjà à une rapide vidange (je vous laisse deviner qui.
Pour vous aider, il est derrière moi dans la chenille …).
Finalement, c’est au 38ème km que la côte redoutée par tant de concurrents se situe. Nous l’apercevons de loin, elle longe le mur d’une propriété qui servira de dernier ravitaillement.
Ça discute ferme au sein du groupe. Bon, on marche à partir de quand ? Plus on approche, moins elle nous impressionne.
C’est le Solaarberg de Villefranche dans l’esprit de Bilbo, et c’est d’une foulée alerte que nous la gravissons.
Un orchestre nous attend en haut et un de ses musiciens, content de nous voir, courra avec nous sur plusieurs mètres tout en jouant de son saxo.
Dernier ravito, puis on redescend sur Villefranche avec un passage sur terrain meuble apprécié de notre Chenille.
3kms de ville, la descente sur du goudron nous fait un peu mal aux quadriceps puis c’est la remontée de la rue commerçante.
Les encouragements sont nombreux, c’est la fête, nous sommes hyper contents et fiers et nous remercions une fois encore les spectateurs tout en courant.
Plus on s’approche de l’arrivée, plus les spectateurs sont nombreux.
Ça y est, le speaker annonce notre arrivée. La chenille perd ses dossards et tout de suite, nous sommes accueillis plus que chaleureusement par le comité d’organisation.
Bilbo est informé que nous seront récompensés de notre animation si nous restons le soir mais à une condition : faire revivre une dernière fois notre insecte.
Bilbo sera aussi contacté par l’organisateur du Marathon du Lubéron et se verra offrir une bouteille (et je ne sais quoi d’autre) qui sera débouchée sûrement à l’AG.
17h20, nous montons sur le podium pour recevoir un prix pour notre déguisement. Nous glissons un petit laïus pour le RDV du Téléthon. Encore des bouteilles à boire à l’AG ou pour une autre occasion.
A la descente du podium, nous sommes sollicités pour participer, toujours en tenue, à une procession vers l’Hôtel de ville. J’ai regardé sur le dépliant des festivités, cela précède le perçage du tonneau sur la grand-place.
Malheureusement, nos chenillards sont attendus ailleurs (à St Romain, par ex.), nous nous en excusons et l’organisation le comprend et nous remercie une nouvelle fois.
Y’a pas de quoi, nous avons adoré et nous reviendrons, à coup sûr.
Un mot sur l’organisation : elle est sans faille et les Beaujolais Runners et leur tenue rouge, sont accueillants, disponibles, adorables quoi. Ils espèrent encore grandir.
J’ai demandé à Didier (je crois) chargé de communication : A combien de coureurs espérez-vous arriver ?
Et c’est là qu’un Chenillard a été grandiose et a ajouté :
Parce que
vous comprenez, nous, on connaît du monde !
Si vous vous demandez pourquoi la Chenille n’a pas carburé au Beaujolais, c’est tout simplement parce que je l’ai saoulée tout au long de la course. Pardon, pardon et merci à vous 7.
J'espère que ce n'est pas le cas maintenant
A bientôt,
M.
PS : The Pou, j’ai dormi avec ma perruque.
Best of des remarques que les chenillards complèteront sans aucun doute :
- Euh, pour pisser vous faites comment ?
- Bon ben là, faut pas qu’il y en ait un qui flanche !
- Ceux là, ils ont intérêt à bien s’entendre !
- Comment vous avez fait pour trouver un drap si long ? (Rép : on s’est tous rencontrés aux Vinatiers)
- L’dernier, lui y fait rien, il a qu’à se laisser traîner … (Pour Juan Luca)
- Hé, mais ce sont les draps des hospices ça ! Ouai répond l’autre, ben au moins, on sait où va notre argent !
- Les draps, ils sont cousus ou agrafés ?
- Vous êtes de quel hôpital ?
- Ça fait hamac votre truc ? (concurrents à partir du 30ème)
- Un spectateur convaincu explique à sa femme : ceux là, c’est sûr, ils font partie d’un commando.